A lire Alexandre Pouchkine on a l'impression qu'il pense en vers tant sa poésie coule de façon limpide. Quand il commence à écrire Eugène Onéguine, le poète a laissé derrière lui sa période romantique. Le ton est libre, tour à tour grave, mélancolique, empreint d'humour. Pouchkine porte un regard pénétrant, voire caustique, sur les castes dirigeantes et nous dépeint le petit peuple, le monde du théâtre et de la littérature. Si son héros donne son nom au roman, c'est avec amour que Pouchkine trace le portrait de Tatiana, jeune femme aux hautes aspirations morales, sensible et cultivée.
Isaac Emmanouilovitch Babel (1894-1940) est né dans une famille de commerçants d'Odessa, où il a vécu deux pogroms : en 1903 et 1905. Il participe activement à la révolution bolchévique, dans la cavalerie rouge de Boudionnyi. Les Contes d 'Odessa, écrits de 1926 à 1937, célèbrent la vie truculente des bas-fonds juifs de ce grand port de la mer Noire qu'est Odessa. Ces contes gorgés d'énergie solaire sont autobiographiques, comblés de la nostalgie de Babel pour le Yiddisland révolu de son époque.
"On ne naît pas femme, on le devient" disait Simone de Beauvoir. Peut-on prétendre : "On ne naît pas Juif, on le devient". C'est ce qu'on tente d'élucider Charles Dobzynski dans ce singulier roman en vers. La judéité est multiple. Elle se manifeste aussi dans un dialogue impertinent avec un "Dieu sans confession" que galvanise l'irruption de l'humour.
Dans un village de Norvège, perdu au milieu des glaces et des neiges, Minna, la fille du pasteur, éprouve une étrange attirance pour Séraphîtüs. De son côté, Wilfrid, un étranger retenu pendant l'hiver à Jardis, tombe sous le charme de Séraphîta. En réalité Séraphîtüs et Séraphîta ne forment qu'un seul être, synthése de l'être terrestre et de l'être immortel, qui doit convaincre les hommes d'abandonner leurs désirs et leurs aspirations terrestres afin d'atteindre le monde céleste. Ce curieux récit d'Honoré de Balzac prend appui sur les visions occultes du mage suédois Swedenborg. Il offre une occasion unique de découvrir les idées gnostiques de Balzac sur la vie dans l'au-delà.
Inclassable et dérangeant, Miracle de Jean Genet n'est pas un ovni. C'est une exégèse sans les murs, sans l'académisme universitaire habituel. C'est un long poème écrit par une captive amoureuse aussi déjantée qu'érudite ; c'est une bombe littéraire sans retardement, tout comme on a parlé de la « bombe Genet » (Jean Cocteau) au sujet de l'auteur de Miracle de la rose. Le Miracle de Jean Genet, c'est celui de la poésie qui pulvérise tous les paradigmes éculés, fait voler en éclats les flicages quels qu'ils soient, y compris ceux de la pensée.
"Puisque la médecine, qui était un art, devient une science, pourquoi la littérature elle-même ne deviendrait-elle pas une science, grâce à la méthode expérimentale ?" Emile Zola. Le manifeste du surréalisme, texte clé de la réflexion sur le roman, enfin réédité.
La Comtesse Anna de Noailles (1876-1933) a été l'une des figures les plus marquantes du monde littéraire du début du XXème siècle. A la fois aristocrate séduisante et femme de lettres incontournable, elle fascinait ses pairs par son génie poétique, incarnant une sorte d'icône féminine. Sa mort l'a pourtant plongée dans l'oubli. Nous la redécouvrons aujourd'hui avec cette première édition de Passions et Vanités, recueil de trois chroniques parues dans la revue Vogue en 1926 et de deux textes lyriques datant de 1912 et 1913.
Les contes et légendes du Japon ont pour cadre un univers mystérieux et inquiétant peuplé de toutes sortes d'êtres étranges et surprenants mais aussi, fort heureusement pour le commun des mortels, de divinités bienveillantes et protectrices. Dans ce deuxième tome de la collection « Japon légendaire », nous allons vous parler de certaines d'entre elles : les bouddhas. Ces divinités venues du continent sont non seulement révérées dans des temples mais aussi à tous les coins de rue. Leurs lieux de culte servent de cadre à toutes sortes de drames, leurs statues ainsi que leurs desservants accomplissent des prodiges. Ces cinquante contes fantastiques, touchants et inattendus, nous racontent un Japon déroutant, traditionnel et légendaire, ancré dans un territoire à la frontière du mythe, de l'histoire et de la réalité.
Avec une quarantaine d'anecdotes et de souvenirs sur les lieux et les événements, ainsi que sur ses rencontres avec des personnages connus ou inconnus, l'auteur met en évidence l'exceptionnel foisonnement de découvertes et d'idées écloses dans le Quartier latin, durant la dernière moitié du XXe siècle. Pour preuve les 31 Prix Nobel français qui, depuis 1960, ont tous, à un moment ou à un autre, étudié ou cherché sur cette montagne. Le rappel de ces événements et de ces rencontres montre les mutations qu'ils ont engendrées qui trouvent, par les temps qui courent, des concordances inattendues.
Ce roman se présente comme le journal d'un programmeur kyïvien trentenaire qui commente douloureusement la mondialisation de la désinformation et la virtualisation des sentiments au tournant du millénaire. Né en 1968, année de l'invasion de Prague par les Soviétiques, ce héros souvent impuissant décrit le crescendo de catastrophes qui a marqué les années 1999 à 2004.
Plus encore qu'une chronique, ce roman est un avertissement : les tragiques événements des dernières années en Ukraine y sont annoncés en creux. Et surtout, c'est un livre de combat, car le héros tente de combler le fossé qui chaque jour se creuse entre l'homme et la femme, entre les hommes d'hier et d'aujourd'hui, entre l'Europe et une Ukraine devenue un terrain d'affrontement entre des mondes antagonistes.
Aussi ces annales de la folie ordinaire et du courage extraordinaire des citoyens ukrainiens s'achèvent-elles sur l'évocation de la fameuse Révolution orange, véritable Jour de colère dont est née la société civile ukrainienne.
Terre d'hérétiques pour l'Église, proie convoitée par la monarchie capétienne, le Languedoc s'embrase le 22 juillet1209. L'armée croisée traitera par les armes et le feu toute dissidence.Ouvrir les yeux à cette époque n'est pas de bon augure,surtout lorsqu'on est une fille. Comment échapper à la réclusion, aux obscurantismes meurtriers, au désamour de parents engagés dans un conflit remodelant avec férocité le monde entre Rhône et Garonne ? Les livres peuvent-ils nous sauver ? C'est le pari de Pétronille de Montfort. Sa quête d'une Chanson séditieuse, seul témoignage en langue d'oc d'une extermination inexorable, lui permettra-t-elle de se déprendre du déterminisme de son sexe et de ses origines ? L'originalité de Pérégrines ? Associer l'intime et le politique, le réalisme et le merveilleux. Sa force ? Faire résonner la puissance libératrice du langage et des livres.
Pris en charge par les services de la DDASS alors qu'il n'a que 8 ans à la mort de sa mère en 1960, un jeune garçon est envoyé dans un foyer d'accueil dans les Hauts de La Réunion. Le coin est perdu. Le pensionnat est une maison de redressement. Avec d'autres enfants, il y subira une double peine : la maltraitance au sein de la pension et les insultes des gens de la bourgade qui ne tolèrent pas leur présence dans le village et les traitent de délinquants et de sauvages. Que vais-je devenir ? Cette question est au centre de sa vie. Quatre années plus tard, en compagnie de vingt-quatre mineurs, le garçon intègre l'orphelinat Saint-Jean à Albi dans le Tarn. Il côtoie des orphelins métropolitains chez qui la misère morale est le quotidien également. Les religieuses assureront la reconstruction de ces enfants profondément bouleversés par leur expatriation mais leur langue natale, le créole, leur sera interdite par les prêtres.
« Aujourd'hui, nous n'avions plus personne à nous disputer, ma soeur et moi, rien à nous jalouser. Nous régnions sur un champ de bataille déserté, étonnées toutes deux de survivre, se demandant même si c'était là un cadeau. Oui, ils nous avaient fait un sale coup, les frères, en nous lâchant si tôt, si peu armées. Nous n'avions plus aucune protection contre nous-mêmes... ».
En 2013, suite à la mort de son frère Laurent, Catherine Terzieff se consacre à l'écriture. Ce récit nous plonge au coeur de cette Tribu familiale vouée toute entière aux Arts, dont le père, immigré russe de Roumanie, élève de Bourdelle puis de Zadkine, incarne le chef en titre. De l'atelier d'artiste du 15ème arrondissement parisien au Lucernaire, « antre » théâtral de Laurent, en passant par le château familial du Sud-Ouest, c'est un véritable souffle épique et créatif qui traverse et transcende cette famille si particulière.
J'ai 26 ans, diplômée en droit et en communication, et j'accepte, ou plutôt César accepte ma candidature pour être son assistante, la fonction mémoire de sa vie, de son travail, de son atelier, de ses pérégrinations, de ses joies, car tout est inséparable. En 1989, César me demande de noter ce que je vois, ce que j'entends, « il faut bien que quelqu'un le fasse ». Ce qui suit est une accumulation d'anecdotes, de petites ou grandes histoires, drôles ou tristes, enthousiasmantes ou sordides, por tant sur presque dix ans de collaboration, de partage, de complicité, de rires, de colères avec un des plus grands ar tistes français. Ce n'est pas un récit, mais un témoignage au plus près du « Maître ».
Emmanuel et Lucile partent en Tanzanie pour faire un safari. Accompagnés par un guide, ils s'émerveillent des paysages africains et de la faune. Toutefois, cette parenthèse enchantée va être troublée par la rancoeur et les frustrations de Lucile qui, enfouies depuis si longtemps, ne demandent qu'à éclater au grand jour. C'est lors d'une confrontation avec un magnifique lion que la jeune femme va prendre conscience qu'elle s'est laissé engloutir dans le feu de sa passion jusqu'à l'oubli. Un événement aussi soudain qu'inopiné va venir bouleverser le cours de leur vie. L'amour peut-il nous entraîner trop loin ? L'emprise et la dépendance amoureuses constituent-elles un frein à l'émancipation individuelle ? Voilà quelques-uns des thèmes abordés par l'auteure qui nous livre un roman psychologique vibrant de passion et aux multiples rebondissements.
Il y a du jeu dans la nature. Elle n'est pas lisible au premier abord. Dans les remparts de l'Îlet Quinquina, quartier périphérique de Saint-Denis de La Réunion, des jeunes surnommés « la Bande », emplis de fougue et de rêve, font l'expérience d'un étrange et fabuleux destin. Inspiré de faits réels, ce récit aux frontières de l'imaginaire raconte leur histoire à la manière d'une parabole.
Portrait littéraire d'une région aujourd'hui ravagée par la guerre, l'anthologie du Donbas réunit des écrivains originaires de l'est de l'Ukraine, qu'ils ont dû quitter temporairement, mais qui est toujours présent dans leurs coeurs et dans leurs esprits.
Dans ce volume, des lycéens s'emparent d'un extrait revisité de la célèbre chanson "Et moi, et moi, et moi" pour peindre toutes les couleurs de leur moi, de leurs émois mais aussi de leur île, de leur monde.
Partir, par-delà les océans, à 20 ans. Qui, s'il ne l'a pas fait, n'en a pas au moins rêvé ? Mais ce voyage à l'île de la Réunion n'a rien d'ordinaire pour le jeune David, puisqu'il est sur les traces de son passé familial. Celle que lui a laissé son père en partant, des années plus tôt, alors qu'il n'était qu'un enfant. Il ne pouvait imaginer qu'en posant le pied sur la terre de ses ancêtres, débuterait alors une longue et tumultueuse histoire d'amour entre l'île et lui.
Une fille se fait violer dès ses quatorze ans par son père dans la maison familiale, presque sous le nez de la mère. Le cauchemar n'en finit pas. Le père pourrait s'attaquer à sa jeune soeur. Chantage. Elle pense protéger sa famille. La mort du père est vécue comme une libération. Un nouvel espoir. La vie reprend son cours. La fille est maintenant jeune femme. Elle fait de grandes études, s'épanouit dans son métier, noue une relation avec un homme. Elle accepte à contre-coeur le mariage. Quelques années de vie commune suffisent pour que son homme se transforme. Le mari remplace le père. De nouveau, elle se fait violer. Elle est battue. Personne ne le sait. Elle protège l'image du parfait mari, un bel homme bien sous tous rapports. Elle finit séquestrée, bientôt assassinée. Elle arrive à s'enfuir. Elle doit subir le regard des autres, jusqu'au procès. Ayant perdu le goût de vivre, elle vit en recluse dans son petit appartement, son sanctuaire. Elle soigne ses traumatismes à l'abri des regards. Elle accepte enfin d'avoir des amants. Elle refuse d'entendre parler d'amour. Elle règle ses comptes avec les hommes, le père, le mari, l'amant.
Le 29 mars 2009, les Mahorais ont voté à plus de 95% pour la départementalisation de leur île. Pour cette grande majorité, il s'agit de la fin d'une longue lutte menée par plusieurs générations, afin d'être « libres ». Oui, les Mahorais ont voulu « être Français pour être libres ». Libres de quoi ? Libres de qui ? Mais connaissent-ils les avantages et les inconvénients de ce nouveau statut ? Quels seront les changements dans la société, les rapports entre les deux communautés : Mahorais et Wazungu ? Le pouvoir de la République face au pouvoir de la religion.
La rationalité moderne, l'approche patriarcale et le capitalisme industriel ne sont plus capables de répondre ni au problème de notre survie, ni aux problèmes sociaux et démographiques. Le changement de civilisation qui en découle touche aux aspects les plus profonds de nos vies (relation homme-femme, la sacré, le statut de la raison et de la science, la conscience du temps, de l'espace, du bonheur, etc.). En même temps, c'est l'architecture souterraine de la manière de vivre "moderne" qui est en crise.
Ce roman retrace le parcours d'une délégation de onze personnes venues du Sénégal à l'Exposition universelle de Paris de 1889. Ils échouent à Bordeaux dans un petit cirque dont le directeur cherche à les contraindre de participer à un spectacle de nègres. Quelques personnages vont s'insurger contre sa tenue, Raphaël, un jeune medecin et Violette, la fille du député. A la fin du roman, le spectacle qui se donne n'est pas celui que l'on attendait.
« Kan moin la tandi lo roi dan lé boi, la rèn la arivé... J'ai entendu le roi dans les bois, la reine est arrivée... Lancinant, agressif, le son du roulèr et du kayanm. Mépris proche du dégoût pour ces soirées d'oubli et de liesse où se retrouvaient les déshérités du quartier. Danse de sauvages, maloya qui faisait se trémousser son père et sa mère ! Dans un livre, la légende sous l'image : « Les esclaves africains se réunissaient parfois pour danser sur des rythmes qui n'avaient rien perdu de la sauvagerie de l'Afrique.» Elle n'avait vu ni roi ni reine, avait déchiré la page du livre. Elle avait honte. »