Juillet 1812. Le chef vénézuélien Francisco Miranda est vaincu et capturé par le capitaine général espagnol Monteverde.Simon Bolivar, lieutenant de Miranda, est en fuite. Caché par des patriotes, il a pu, jusqu'ici, échapper aux recherches. Les Espagnols occupent les trois quarts du pays. La répression est terrible. Massacres et pillages se succèdent.Depuis sa création en 1948, cette pièce, dont Albert Camus disait : « Elle ne doit rien à aucune école ou à aucune mode et pourtant elle s'accorde à la terrible cruauté du temps sans cesser de se référer à une pitié vieille comme le coeur humain », n'a jamais cessé d'être jouée dans quelque partie du monde. Elle a été adaptée en plus de vingt langues.
" Nous aimons à retrouver dans cette dernière oeuvre les thèmes familiers de Bernanos, comme nous y retrouvons sa noblesse, sa brûlure, sa voix puissante et douloureuse ".
Marcel Arland " Cette oeuvre prend, à l'heure où nous sommes, comme un regain de signification et d'actualité, car l'angoisse ou la peur est devenue ou est entrain de devenir notre élément ". Gabriel Marcel " Le génie de Bernanos est de nous rendre sensible, une fois de plus, dans les Dialogues, " la part de l'ombre " ; de nous laisser deviner, mieux que ne saurait le faire une analyse approximative, que cette part est, en réalité, lumineuse -mais pour d'autres regards que les nôtres ".
Luc Estang
"Peter Brook n'est pas seulement un metteur en scène et pas seulement un théoricien, même pragmatique, du théâtre. Sans l'avouer, du moins dans ce livre, il a de plus grandes ambitions. Le théâtre est pour lui, à coup sûr, une fin. Mais il est aussi le moyen de fonder et d'entretenir une communauté d'hommes et de femmes capables de porter atteinte, par leur seul exemple, à un ordre établi, d'apporter une inquiétude et un bonheur que d'autres arts du spectacle, trop dépendants des forces économiques qu'ils pourraient dénoncer, ne peuvent faire éclore.
Voici un livre indispensable à ceux qui aiment le théâtre et à ceux qui ne l'aiment pas. A ceux qui en font et à ceux qui y assistent. Car il y est autant question du public que des interprètes, acteurs ou metteurs en scène, grâce auxquels le théâtre, écrit ou non écrit, peut vivre." Extraits de la préface de Guy Dumur.
Reda se lève et marche d'une extrémité à l'autre de la chambre.
Reda.
Tu vas le payer, je vais te buter moi sale pédé, tu m'as insulté de voleur, je vais te faire la gueule pédale.
Édouard, voix intérieure.
Voilà pourquoi. Il désire et il déteste son désir. Maintenant il veut se justifier de ce qu'il a fait avec toi. Il veut te faire payer son désir. Il veut se faire croire que ce n'était pas parce qu'il te désirait que vous avez fait tout ce que vous avez fait mais que ce n'était qu'une stratégie pour faire ce qu'il te fait maintenant, que vous n'avez pas fait l'amour mais qu'il te volait déjà.
Reda, hurlant.
Sale pédé ! T'es qu'un putain de sale pédé !
Il secoue Édouard. Soudain il se calme. Il l'embrasse.
Arrête d'avoir peur, je suis sensible, j'aime pas quand les gens ont peur ou quand les gens pleurent.
En 2018, Thomas Ostermeier a adapté pour le théâtre le roman d'Édouard Louis, Histoire de la violence, avec l'auteur. Au coeur de la violence est le fruit de cette collaboration.
Conçu comme l'album du quadri-centenaire de Molière, cet ouvrage propose d'abord le portrait de celui que l'on considère comme l'homme de théâtre par excellence : auteur, comédien, directeur de troupe, « metteur en scène », organisateur des divertissements de Cour. Le livre montre que ce mythe national a immédiatement inspiré après sa mort jusqu'à aujourd'hui. Symbole de l'esprit français et de la politique de rayonnement d'un Roi-Soleil, Molière est aussi l'inspirateur d'une tradition artistique qui s'en réclame dès la fin du XVIIe siècle jusqu'au XXe siècle, l'incarnation d'un théâtre populaire, au prix de récupérations et détournements tant dans les arts vivants que dans les arts visuels, industries culturelles et médias de masse. L'ouvrage offre enfin une traversée dans les espaces culturels d'un Molière vu d'ailleurs, par-delà les frontières culturelles et linguistiques, afin de percevoir la façon dont il est perçu en-dehors de l'hexagone, où il a conservé toute sa portée satirique, comme un auteur s'opposant à l'autorité, résistant à l'oppression, antidote à l'esprit de sérieux.
Denis Podalydès dévoile dans Scènes de la vie d'acteur les secrets et les paradoxes du comédien. Des planches de théâtre au plateau de cinéma, voici la preuve obstinée et humble d'une expérience dont on mesure déjà la rareté. L'auteur se prend au jeu de son propre métier et prolonge la réflexion grâce à des notations concrètes sur le temps, le jeu, l'espace, la mémoire, l'incarnation
qui est au coeur même de son existence. Avec humour, avec aussi parfois beaucoup de gravité, de Paris à Moscou - où La Forêt d'Ostrovski est montée avec succès -, Denis Podalydès fait la preuve de son talent d'acteur et s'ouvre de belle manière à la littérature.
Entre comique et merveilleux, c'est avec les dessins d'Arthur Rackham que nous redécouvrons ici la comédie shakespearienne à la fantaisie débridée. Le temps d'une nuit, entre rêve et réalité, deux histoires d'amour s'entremêlent dans un décor presque magique où l'on rencontre le roi de la forêt et la reine des fées, tandis qu'en contrepoint se monte une pièce de théâtre aux traits burlesques dont la scène la plus célèbre est l'apparition de Bottom, affublée d'une tête d'âne, avec Titania, qui, par la magie du lutin Puck, en est tombée amoureuse.
Le Monde en détails révèle, en une suite de courts chapitres, comment l'art de la scène, mieux que toute autre forme de représentation, nous permet de déchiffrer le monde, d'en déplier la complexité et de le rendre intelligible par les voies de la sensibilité. Un objet, un accent, un geste, un rire, une image, un plaisir, une colère, un mot, un bâillement, un cri : ce livre suppose que le monde est à portée de main par la grâce ou la puissance d'un détail. Il prend au sérieux cette idée pas si folle que tout spectacle me parle, et qu'il n'est pas si difficile de l'entendre. Née principalement du théâtre, cette expérience peut alors s'étendre à tout autre art, au gré du lecteur...
La rencontre puis la liaison tumultueuse d'un écrivain d'un certain âge et d'un jeune Beur à la dérive. Tout les sépare, mais ils s'attachent profondément l'un à l'autre et tentent d'inventer une relation faite d'amour, de fraternité, de paternité. Sur un sujet redevenu tabou, une pièce forte et tendre qui ne tombe jamais ni dans la dénonciation ni dans l'angélisme.
Le Quêteur de la mort présente trois pièces de théâtre inédites en français. Celle qui donne son nom au recueil a été écrite directement en français par Gao Xingjian en 2000. Elle met en scène deux personnages enfermés dans un musée d'art contemporain, qui soliloquent sur la société moderne, l'art, la vie et la mort.
La Neige en août, pièce écrite en chinois en 1997, rapporte l'histoire du Sixième Patriarche du bouddhisme Chan (Zen) Huineng (638-713). Elle fut jouée dans une version plus courte sous forme d'opéra à Taipei en 2002, dans une mise en scène de Gao Xingjian et avec une musique du compositeur contemporain Xu Shu-ya.
Enfin, L'Autre Rive, écrite à Pékin en 1986, est une pièce de théâtre expérimental que l'auteur a conçue pour aider les acteurs à trouver un jeu nouveau, qui leur permette d'aborder le théâtre contemporain occidental tout en ayant intégré les techniques de l'opéra chinois traditionnel. Elle donne à entendre également les préoccupations littéraires et artistiques de l'auteur, telles qu'on les retrouvera dans ses romans, nouvelles et pièces de théâtre écrits ultérieurement.
Personnage principal de Chronique du classique des mers et des monts, le récitant introduit chaque dieu, déesse et monstres plus étranges les uns que les autres en tissant une narration poétique et plaisante. Les divinités du Ciel sont en proie aux mêmes vices et émotions que les humains : les dieux se révèlent excessifs, jaloux, vaniteux, cruels. La mythologie chinoise regorge de bêtes fantasmagoriques, buffle unijambiste, serpent à tête humaine, corbeaux d'or et oiseaux aux couleurs chatoyantes interviennent pour forger le monde tel qu'il est actuellement.Empruntant beaucoup à la tradition chinoise (dans ses thèmes et pour les personnages), cette pièce s'inscrit également dans la modernité du théâtre occidental du XXe.
Au cours de leurs rencontres camus et Roblès s'entretenaient souvent de théâtre, passion commune.Camus rêvait d'écrire une comédie satirique, projet que le sort devait trahir. Amis Roblès, de ses nombreux séjours aux Etats-Unis, avait rapporté l'idée d'une comédie sur le thème des gangs, à l'époque de la prohibition, que tant de romans et de films ont illustré.Lanterne magique est une boîte de nuit, avec jeux clandestins et organisation de racket, que gère Skoll, dans les années 1920-1930. Il a pour « assistante » la belle Phyllis, ex-étudiante à Columbia University, ce qui pimente ses talents, surtout lorsqu'elle tombe amoureuse d'une de ses victimes, Steve Lord. Parodie, bien sûr, mais avec « l'appoint » inattendu d'une jeune salutiste, Marilyn, qui se propose, dans son ingénuité, de ramener ces personnages dans le « chemin du Ciel ».Ainsi, avec Lanterne magique, l'auteur de Montserrat et de Plaidoyer pour un rebelle a-t-il fait sienne d'opinion d'Albert Camus pour qui la comédie et la farce appartiennent au théâtre au même titre que le drame et la tragédie, et peuvent à leur manière dénoncer aussi bien un monde violent et cruel.
" Depuis le XVIIe siècle, le théâtre ne s'adresse qu'à une seule classe : c'est un théâtre essentiellement bourgeois.
Le propre d'une oeuvre forte est de s'adresser à l'humanité entière. Il n'y a pas de chef-d'oeuvre pour dix personnes et vingt pédants. " Cette déclaration provocatrice de Firmin Gémier vient saluer la création du Théâtre national populaire, qu'il inaugurera le 11 novembre 1920 en tant que directeur. Et qu'il s'agisse de Jérôme Savary, avec la même verve et un égal plaisir du jeu, d'Antoine Vitez, intellectuel et homme de scène scrupuleux défendant l'aidée d'un " théâtre élitaire pour tous ", ou de Jean Vilar et son " théâtre service public ", ceux qui se succéderont à la tête du Théâtre national de Chaillot ne diront jamais autre chose : le théâtre doit être partagé par tous.
Cette fidélité aux principes fondateurs du théâtre populaire serait anecdotique si elle n'avait donné lieu à l'une des aventures théâtrales majeures de ce siècle.
C'est cette histoire que relate Colette Godard. Accompagné d'une iconographie abondante et variée, ce récit est éclairé par les interviews de quelques-unes des personnalités qui auront contribué à la légende de ce lieu - de Christiane Minazzoli et Didier Sandre à Yannis Kokkos et Michel Dussarrat, qui démontrent que cette histoire fut écrite avant tout par des hommes et des femmes d'exception.
Ce volume réunit quatre pièces d'Agota Kristof.
Le Monstre : Un animal gigantesque est tombé dans un piège. La population du village ne parvient pas à le tuer : à défaut d'y parvenir, voilà que des gens se mettent à l'aimer. La bête sentait mauvais, mais à présent des fleurs poussent sur son dos, sécrétant un parfum exquis. Un seul homme désire encore sa disparition.
La Route : La terre est entièrement couverte de béton. Les questions sont : Où mènent les routes. Ont-elles une fin ? Pourquoi les directions ? Pourquoi la marche ? Les sorties existent-elles ? Sont-elles vraies ou fausses ?
L'Épidémie : Un village est placé en quarantaine, les habitants ayant contracté le virus du suicide. Sauveur délivre une jeune fille qu'il a trouvée pendue dans la forêt, mais Sauvée, dès qu'elle retrouve la vie, se montre bien peu reconnaissante.
L'Expiation : Un aveugle qui joue de l'harmonica. Un sourd qui crache du feu. Par économie, ils occupent le même lit chez une vieille marchande de sommeil. Ils sont sales et misérables, mais on est prié de ne pas trop s'apitoyer. Ce serait trop simple.
L'action de L'Horloge, comédie dramatique, se situe de nos jours dans une de ces grandes villes méditerranéennes où la lumière trop belle triche avec la vraie misère, où la plus sombre détresse ne peut cependant altérer un coeur fier. Un homme de proie, Alfiéri, règne sur cette ville par la terreur, la corruption, l'exploitation des faibles. Mais forte de sa rigueur profonde, une jeune fille, Vanina, incarnera la révolte contre lui et contre tout ce qui dégrade les hommes ou ruine leur espoir.Inspirée des "pronunciamentos" sud-américains Porfirio est une farce où la Star Company (en transparence, la trop fameuse United Fruit) tient à sa solde les politiciens et les généraux les plus somptueusement tarés. C'est elle aussi qui tire les ficelles de notre marionette en uniforme, mais si le général Porfirio prête à rire il ne fait pas oublier certains de ses confrères bien réels de l'autre côté de l'Atlantique et leurs exploits sanglants.
Boucherie de l'espérance ou Palestine trahie ; Mohamed prends ta valise ; La Guerre de 2000 ans ou Le roi de l'Ouest ; Le Bourgeois sans-culotte ou Le spectre du parc Monceau.
Ce volume contient quatre pièces inédites du grand écrivain algérien. Les trois premières sont le fruit d'une étroite collaboration avec la troupe théâtrale " Action culturelle des travailleurs " que Kateb Yacine anima en Algérie dans les années 70 et 80. A travers des thèmes historiques et de constantes références à l'actualité la plus brûlante, il y renouvelle profondément le théâtre populaire, tout en rendant ses lettres de noblesse à la langue arabe parlée : sur un plateau de fortune, la lutte de la Kahena contre l'envahisseur rejoint le combat des Palestiniens pour leur terre et celui des émigrés pour leur dignité.
La dernière pièce, centrée sur le personnage de Robespierre, est une contribution à la célébration du bicentenaire de la Révolution française. Nourrie des expériences multiples de l'auteur, elle dresse une fresque tragique et satirique des échecs et des espoirs de toutes les révolutions planétaires passées, présentes... à venir.