Texte de 1861 avec les variantes de 1857 et des journaux et revues. Précédé d'une étude sur Baudelaire par Théodore de Banville.
Les Lettres à un jeune poète ont été écrites entre 1903 et 1908. Rainer-Maria Rilke, depuis sa rencontre avec Lou Andréas Salomé en 1897 à Munich, poursuit sa vie errante. Autrichien né à Prague en 1875, poète de langue allemande, il vivra presque toujours hors d'Allemagne. La lecture de Mir zur Feier (A moi pour me fêter, 1899) décide un jeune homme de vingt ans, Franz Xaver Kappus, élève du prytanée militaire de Sankt-Poelten, à lui envoyer ses premiers essais politiques. Rilke lui répond longuement et une correspondance s'engage. En 1929, trois ans après la mort de Rilke, Kappus publie les dix Lettres à un jeune poète.
« On assiste, en un mot, au spectacle extrêmement rare d'une formation par accomplissement intérieur. » Rilke a donc pu, dès 1903, faire de ses conseils à une jeune homme qui lui demande s'il doit se consacrer entièrement à l'écriture un véritable bilan, un « guide spirituel ». Les convictions de Rilke ne changeront jamais lorsqu'il s'agit des problèmes essentiels qui se posent à un poète. Il insiste avec passion sur la nécessaire solitude du créateur, celle qui permet de voir clairement le monde. Mais l'on doit répondre avec sincérité à la question primordiale : « Suis-je vraiment contraint d'écrire ? » Il faut être simple, s'approcher de la nature, savoir que la volupté de la chair « est une expérience sans limites qui nous est donnée, une connaissance de tout l'univers. » Avec une concision fulgurante, Rilke établit des règles de comportement, d'écriture et d'exercice littéraire.
La plus grande poésie des temps modernes, égale à celles d'Homère, Shakespeare et Dante, sonne dans ces Feuilles d'herbe. Elles eurent pour créateur un solitaire américain poussé comme un gratte-ciel dans un désert inculte de maisons à bas étages. En 1855, Walt Whitman, de Brooklyn et de Manhattan, fit claquer ses vers comme des drapeaux de joie pour célébrer un seul et unique patriotisme : l'homme ! l'homme de tous les temps, couleurs ou religions. Osons ce paradoxe : jamais les bons sentiments ne firent de meilleure littérature.
C'est un monument. L'une des merveilles du patrimoine littéraire de l'humanité. Les 154 Sonnets de William Shakespeare sont peut-être moins connus que ses tragédies, mais pas moins qu'elles, ils n'ont cessé, depuis quatre siècles, d'ensorceler les lecteurs et de passionner la critique, à la fois par leur beauté, expression suprême de l'art poétique élisabéthai, et par leur mystère."C'est le propre de l'oeuvre accomplie, en musique comme en poésie, que de permettre une infine quantité de lectures, de traductions", écrit dans sa préface Jacques Darras qui, après avoir redonné vie et vigueur à l'oeuvre de Malcolm Lowry et à celle de Walt Whitman, nous offre aujourd'hui ces sonnets comme on ne les avait jamais lus - ou, faudrait-il dire plutôt, comme on ne les avait jamais entendus. Car tout l'enjeu de cette nouvelle traduction est bien de nous faire entendre la musique, si singulière, des vers de Shakespeare : une symphonie baroque, échevelée, d'une audace contemporaine et d'une splendeur inépuisable.
Deux jeunes gens, Mireille, fille d'un riche fermier de la Crau, et Vincent, un pauvre vannier, s'aiment d'un amour impossible. L'argent, les prétendants de Mireille, la loi sociale les séparent. Désespérée par le refus que son père oppose à leur mariage, Mireille fuit le mas familial et part prier sur le tombeau des saintes Maries, en Camargue, pour fléchir la volonté paternelle. Frappée d'insolation, elle meurt, extatique, face à la mer, au terme de ses prières, laissant Vincent au désespoir.
Merveilleuse épopée où Mistral évoque les fastes de son Midi natal, ce poème en douze chants édité en 1859, en langue provençale avec sa traduction en français en regard vaudra la gloire à son auteur. Considéré comme un chef d'oeuvre par Barbey d'Aurevilly, il transportait aussi le romantique Lamartine par son lyrisme. Son succès ne s'est pas démenti pendant des décennies, dépassant de beaucoup la simple littérature régionaliste.
Mireille est réédité à l'occasion du centième anniversaire du prix Nobel de littérature de Frédéric Mistral.
Les délicieux souvenirs de Pauline de Pange sont un conte de fées. L'arrière-arrière-petite-fille de Mme de Staël a grandi dans une famille vivant dans une tradition au parfum d'Ancien Régime, tout en ayant su entrer dans le monde moderne. Dans un hôtel particulier, deux valets gardent l'escalier d'honneur, un maître d'hôtel commande à quatorze domestiques et les repas sont aussi solennels qu'à la cour de Versailles. On a peine à croire qu'on ait pu vivre ainsi, au début du XXe siècle : on perçait alors les Champs Elysées pour y bâtir les deux palais de l'exposition universelle ; on rêvait que bientôt le métropolitain gronderait sous les pavés, et que des arches franchiraient la Seine d'un seul bond... C'était l'avenir. C'était 1900 !
Fête Nationale est la première anthologie des poèmes de Tailhade, extraite des Poèmes aristophanesques (1904) et des Poèmes élégiaques (1907).
Les Poèmes aristophanesques sont l'oeuvre d'un grand satiriste. On y retrouve la verve et l'esprit provocateur des pamphlétaires du début du XXe siècle ; Tailhade attaque sans distinction les écrivains, les artistes, les nationalistes, les militaires, les symboles de la République. Les Poèmes élégiaques révèlent un écrivain amoureux de la littérature antique (il a traduit le Satiricon de Pétrone), le Parnassien, l'esthète. S'essayant avec talent aux formes fixes, sonnet, tercet, ballade, Tailhade dépose l'épée et s'arme d'une rose.
Eborgné lors d'un attentat anarchiste, Tailhade est resté anarchiste. Rien n'entamait son irrévérence ; irrévérence qui a provoqué l'admiration de Sacha Guitry, et, plus récemment, de Charles Dantzig dans son Dictionnaire égoïste de la littérature française. Guitry qui écrivait : « Laurent Tailhade aura déchiqueté ses contemporains. Cherchez Déchiqueter dans Le Petit Larousse et vous trouverez ceci : " Découper par taillades. " » Un poète dans la lignée du célèbre Géranium ovipare de Georges Fourest, dans la même collection.
Georges Fourest ne respectait rien. Les titres du Géranium ovipare sont déjà tout un programme (Le Nain et le cochon sous le crâne du poète, le Nouvel Origène ou le rut vaincu...) et les formes de ce chamboule-tout poétique plutôt variées : épîtres, ballades, "pseudo-sonnets"... Ces textes peuvent rimer à tout et à rien, ils sont toujours hilarants, tendres ou carnassiers. Tant de fantaisie, de musique cache peut-être un amour déçu du coeur humain. Raison de plus pour suivre le conseil de l'auteur :
" Amis de la littérature, bons désoeuvrés qui sans émoi Flânez à cette devanture, entrez, payez, emportez-moi !!! "
Attention rareté ! Cette Muse au cabaret est comme une vieille bouteille que l'on débouche après l'avoir laissée reposer des années dans les rayons de la poésie sensuelle et bachique. Tirée des cafés, de la bohème du début du siècle, il s'en exhale drôlerie et dérision, une mélancolie légère qui martèle le pittoresque parisien, quelques sanglots fiers débordant d'un coeur plein... Les titres coulent d'eux-mêmes : "Five o'clock absinthe", "Le pape doit manger seul", "Bourgogne d'Australie !", "L'inondation de 1910", "L'invalide à la gueule de bois"...
Ces quelque cent vingt poésies fines, parfois paillardes, ravissent le "palais de la Pensée" et soûlent de bonheur. A consommer immodérément.
Ce livre n'est pas un recueil, dans le sens d'une réunion de pièces publiées ci et là, mais un livre de poèmes, entendu pour constituer un ensemble, avoir une forme et un sens précis. Démocratie du bord de mer, c'est le pays des amours gays. Les poèmes qui le composent évoquent l'origine, la géographie, les mythes, l'histoire, les danses et les amours de ce pays peuplé de faons et de lions, au bord d'une mer chaude.
Dans la lignée des grands livres de poèmes de la littérature gay, d'António Botto à Jean Genet, du Hombres de Verlaine à The Man with Night Sweats de Thom Gunn.
Depuis toujours, Philippe Soupault a choisi d'être un explorateur, un éclaireur, un de ces aventuriers de l'imaginaire curieux des contrées inconnues. De ces expéditions qu'a-t-il rapporté ? Des coquillages, des intuitions, des bribes de prose lumineuse, des poèmes surtout, autour desquels l'époque, la nôtre, s'enroule et se retrouve. Une oeuvre ? Il refusait le mot. Juste quelques merveilles, éparses, fragmentées, comme les rêves d'une génération qui compta Aragon, Eluard, Breton mais aussi Crevel et Artaud. Ce florilège, établi par lui-même à la fin de sa vie, révèle les jalons de son long itinéraire à travers les explosions de Dada et sur surréalisme.
Faisant suite à L'Esplanade (2010), Fenêtre mon navire (2008), Oboles (2006), Faubourg des fées (2004) ou bien encore A dire vrai (2003), ces nouvelles Retouches nous touchent par leur brièveté et la fulgurance de leurs "définitions imagées".« La beautésans rien de trop mais quelque chose en plussans usage des us et sur place au galop »
Poèmes " Maintenant ce qui a été moi est libre De recevoir la vraie neige Ouverte à l'absence de moi Elu le voyageur qui chante Parce qu'il est attendu Mais plus heureux celui qui se perd Déjà sans corps sans regard O buée de l'Imparfait Dans le puits de Dieu et du vide "
Un écrivain, qui est aussi un grand critique et qui a voué une partie de sa vie à commenter l'oeuvre des autres, se penche sur la sienne propre, sur son intarissable énigme. est-elle prose ou poème ? errance ou extase ? cette réflexion sur la lettre se mue vite, en réalité, en une méditation sur l'homme. sur la boiterie ontologique qui fait sa gloire en même temps que sa misère. ni tout à fait héritier ni tout à fait père de lui-même, il est comme écartelé entre l'élan d'un commencement qui refait sans cesse surface en lui et l'ondulation patiente des anciennes années qui continuent de l'obliger. nourri aux sources de la bible et des grands textes hébreux autant qu'à celles des traditions poétiques françaises les plus hautes, ce livre est, au bout du compte, une belle méditation moderne sur le mystère de la condition humaine.
Dans la continuité d'Images, mes catins, Le tremble et l'acacia, A quatre épingles, A dire vrai, Faubourg des fées, Oboles et Fenêtre mon avenir, voici un nouveau volume des poèmes de Daniel Boulanger. Ces courts textes, « définitions imagées », selon leur auteur, nous touchent d'autant plus que leur sobriété provoque le jaillissement des images dans une intensité rare.
Depuis peu j'habile impasse de l'Avenir, un cul de sac en appendice de l'Esplanade. On y entends de temps en temps la plainte d'une chatte amoureuse - ou les hoquets de l'eau souffrant dans les conduites. Quand je sors, les lointains sont proches. A l'Esplanade je ne manque jamais de saluer le garde dans son pavillon en forme de lanterne. On en tire un banc. Nous nous asseyons et nous nous posons des questions sur les promeneurs.
Dans le choix que propose Jacques Darras, on retrouve, magnifiés par une traduction exemplaire, des poèmes où la langue célèbre l'amour et la communion, la mort et la résurrection. A la suite de Gide et Larbaud, il faut les admirer.
Au printemps de 1689, le poète Matsuo Basho quitta Edo pour le Nord. C'est de ce "pèlerinage vers des lieux lointains" qu'est né son plus beau livre, {la Sente étroite du bout du monde}. Quand, trois siècles plus tard, Kenneth White quitte Tokyo pour Hokkaïdo, il a le voyage de Basho en tête. {Les Cygnes sauvages} est un hommage au poète japonais, et plus encore l'exploration d'un espace où le rapport entre nature et culture est particulièrement subtil. A mesure que progresse le livre, White sort des cadres littéraires qui ont longtemps défini notre culture. Le terrain parcouru, les territoires traversés sont matière à projection. Non pas dans l'imaginaire, mais dans ce qu'il appelle "le géopoétique". Ce carnet japonais complète les pérégrinations asiatiques de White, celle du {Visage du vent d'Est}, et constitue le parallèle, à l'Est, de sa {Route bleue} de l'Ouest. Le voyage de Kenneth White a fait l'objet d'un film de François Reichenbach, {le Chemin du Nord profond}.
René de Obaldia a décidé de rassembler l'ensemble de ses poèmes, dont certains sont inédits ou depuis longtemps introuvables. Recueil, anthologie, promenade poétique, {Sur le ventre des veuves} est tout cela à la fois : on y découvre des pièces de jeunesse, comme {Midi}, on relit quelques-unes de ses grandes tirades théâtrales... {Sur le ventre des veuves} est un ensemble grinçant parfois, rieur et plein de songes.
Dans la continuité d'Images, mes catins, Le tremble et l'acacia, A quatre épingles et A dire vrai, voici un nouveau volume des poèmes de Daniel Boulanger. Ces courts textes, " définitions imagées ", selon leur auteur, nous touchent d'autant plus que leur sobriété provoque le jaillissement des images dans une intensité rare.
bonheur
ô portant beau
locataire de mes ruines
nous nous contons parfois nos frasques
sur la terrasse du passé
la lampe éteinte a traduit les prophètes
le monde s'est détruit le temps s'arrête
mais il y eut la rose dans un verre
éclair
l'abattoir du ciel s'ouvre
dans l'angle mort
l'amour s'offre au tueur
Ce poème allégorique est une pièce maîtresse dans l'oeuvre de François Mauriac.
Après le recueil de ses poésies complètes, En souvenir des long-courriers (2003) et un Bestiaire (2003), Charles Dantzig revient à la poésie. Comme souvent, il choisit un thème central autour duquel tous les poèmes s'articulent. Après les avions, voici les nageurs et la mer. Au sens réel comme au sens métaphorique...
Ce volume comprend les poésies quasi complètes de Charles Dantzig jusqu'aux Nageurs, en incluant deux séries de poèmes inédits, « Un Jour dans la vie du monde » et « Musée des yeux » (suite de poèmes centrés sur les yeux et le regard). De Les tombeaux bâillent (2003) à Le Chauffeur est toujours seul (1991), ce volume reprend des poèmes de tous ses recueils, comme Ce qui se passe vraiment dans les toiles de Jouy (1999) ou le Bestiaire (2003). Les poèmes sont précédés d'une préface inédite (« Interview de l'auteur par lui-même ») et de deux brefs essais sur la poésie. Le choix a été effectué par Patrick McGuinness, professeur de littérature française à l'Université d'Oxford.
Ces "Choix de poésies" regroupent de nombreuses oeuvres poétiques de Catulle Mendès, fondateur de la Revue Fantaisiste en 1860, ami de Théophile Gaultier et initiateur du "Parnasse". Il est l'auteur, entre autres, de La légende du Parnasse contemporain.