Il existe des dizaines de traductions en français de Macbeth (1606), une des plus célèbres tragédies de Shakespeare. Celle de François-Victor Hugo, qui date du XIXe siècle et a longtemps été la référence, apparaît aujourd'hui datée. Depuis, la pièce a donné lieu à des multiples travaux scientifiques, réalisées par des universitaires, linguistes et grammairiens, qui ont privilégié l'exactitude plutôt que l'esthétique.
Voici enfin une traduction littéraire du chef-d'oeuvre de William Shakespeare par un des écrivains les plus imaginatifs de la littérature française : Marcel Schwob, également auteur, avec Eugène Morand (père de Paul Morand), d'une traduction de Hamlet parue en 1901. Son Macbeth, publié posthume en 1927, n'a jamais été réédité depuis.
Seuls les écrivains savent traduire les écrivains. Il fallait le sens poétique et l'imagination de Schwob pour retrouver, en français, la richesse, la finesse et l'énergie du texte de William Shakespeare.
"La guerre de Troie n'aura pas lieu", dit Andromaque quand le rideau s'ouvre sur la terrasse du palais de Priam. Pâris et Hélène ne s'aiment plus, mais les Troyens feront tout ce qui est en leur pouvoir pour conserver celle qu'ils appellent "la beauté", même au prix de la guerre. Chacun de leur côté, Hector et Ulysse tentent vainement de sauver la paix mais la Fatalité est plus puissante que la volonté des hommes.
Pièce en deux actes qui mêle les grands thèmes classiques aux inquiétudes modernes, elle a été présentée pour la première fois le 22 novembre 1935 au Théâtre de l'Athénée sous la direction de Louis Jouvet. Son succès éclatant et immédiat ne s'est jamais démenti depuis.
Electre, pièce en deux actes, revisite le grand sujet tragique de l'Antiquité.
Une grande pièce de Jean Giraudoux.
Amphitryon 38, comédie en 3 actes, fut représenté pour la première fois à la Comédie des Champs-Elysées le 8 novembre 1929 avec la mise en scène de Louis Jouvet.
L'Importance d'être Constant met en scène deux amis qui se sont inventé un parent et un ami fictifs, bien commodes pour échapper à leurs obligations sociales. Pour Jack, c'est Constant, frère débauché qui lui permet de fuir la campagne ; pour Algernon, c'est Bunbury, ami toujours souffrant, qui lui permet de fuir Londres. Jusqu'à quand tiendra la supercherie ? Si on retrouve les thèmes de prédilection de Wilde, comme l'importance des apparences et les vertus du mensonge, on découvre aussi une satire de la société victorienne de la fin du XIXe siècle. Une bombe d'humour et de mots d'esprit. La pièce a été rédigée en quatre actes. À la demande du metteur en scène, Wilde a supprimé l'acte où Algernon manque d'être arrêté par un huissier. La présente édition, bilingue, donne cette version et donc la pièce telle qu'elle fut jouée pour la première fois le 14 février 1895 au St. James Theatre de Londres. On trouvera l'acte supprimé en annexe. Un long essai inédit de Charles Dantzig, « La première Gay Pride », la précède. Il y est proposé, exemples inédits à l'appui, que L'Importance d'être Constant, outre d'être une comédie brillante, une satire et une féerie, est aussi une pièce codée, pleine d'allusions homosexuelles, ce qui, joint aux imprudences d'un Wilde étourdi par son succès, a été une des causes de sa chute.
Quatre personnages se croisent : Leonore Franck, veuve du célèbre écrivain Karl Amadeus Franck, leur fils Friedrich, Bürstein, le biographe du maître et une mystérieuse femme qui s'avère être l'amour d'enfance du grand écrivain, celle à qui il a écrit des dizaines de pièces enflammées et dédié une pièce de théâtre que tout le monde croyait jusqu'alors perdue. Or cette femme détient les lettres et le manuscrit...
Tout le génie de Zweig est de glisser du vaudeville classique à la pièce métaphysique sur la création. Depuis la mort de l'écrivain, sa veuve, ainsi que le biographe, ont maquillé la réalité. Or quand Bürstein se repent, la légende de l'écrivain s'effondre, mais pour donner naissance à la véritable histoire d'une vie et d'un amour passionné.
Légendes d'une vie est consacrée aux relations d'une famille et de l'oeuvre que laisse un grand homme disparu. A-t-elle le droit de tout publier? Doit-elle censurer, couper, rectifier ?
La folle de Chaillot a été jouée pour la première fois le 19 décembre 1945, au Théâtre de l'Athénée, sous la direction de Louis Jouvet.
Une nuit, une femme ferme son magasin de vêtements pour femmes enceintes.
Elle porte un manteau de fourrure, attend un taxi.
Un jeune homme l'aborde, la prenant pour ce qu'elle n'est pas.
Elle va le prendre pour ce qu'il est...
Hirsute, la voix cassée, il est un vieux dur à cuire, cow-boy sans peur et sans reproche, patriarche au sang chaud et aux propos musclés. C'est Rockfeller, personnage haut en couleur de cette parodie de western, mijotée avec humour et relevée d'une pointe de poésie par René de Obaldia... Il y a là le médecin ivrogne, la mère au solide bon sens, la fille de joie au grand coeur, le shérif justicier... Le texte est drôle, inventif, blagueur. Un western légendaire, mais aussi une parodie du western, avec ses splendeurs et ses misères&hellip.
Popper (1976) est un drame conjugal ayant pour point de départ un doigt dans le nez. Alors que Shvartziska se cure le nez, son mari, Shvartz, entre. A peine a-t-elle le temps de retirer son doigt que, pour des raisons obscures, son mari souhaite absolument l'embrasser. Shvartziska refuse ; Shvartz, qui ignore la raison de son refus, s'en offusque. Le soir, paniquée, Shvartziska demande conseil à Popper, le meilleur ami du couple. Lorsqu'il l'apprend, Shvartz enrage de savoir Popper, ce célibataire malheureux, au courant de leur intimité. Ce qui n'était qu'une colère devient une obsession. Qui sera la première victime de l'hystérie de Shvartz ?
Dans Popper, archétype des comédies absurdes de Levin, l'auteur alterne dialogues courts et tirades, mêle le burlesque aux mots d'esprit, l'humour au tragique. Il ajoute même de la fantaisie avec des chansons de variété. Voici une pièce d'Hanokh Levin, mariage de la comédie et du drame, où les personnages, qu'ils soient amants, amis, amoureux, s'ennuient avec gaieté, pleurent en riant, se haïssent en chantant.
Poète (Innocentines, Sur le ventre des veuves), romancier (Tamerlan des coeurs, Le Centenaire, Fugue à Waterloo), le mémorialiste d'Exobiographie est avant tout connu pour son théâtre.
De Genousie, sa première grande pièce créée au TNP de Jean Vilar, aux Impromptus à loisir, qui continuent d'être interprétés dans les cours dramatiques et de faire le bonheur de nombreuses troupes d'amateurs, de Monsieur Klebs et Rozalie à Pour ses beaux yeux, sans oublier Du vent dans les branches de sassafras (Michel Simon y fit une entrée fracassante), La Baby-Sitter, Les Bons Bourgeois, Obaldia n'a cessé de nous divertir tout en dénonçant les turpitudes des temps présents au moyen des armes conjuguées de la poésie et de l'humour.
Est-ce ce « rire libérateur » qui lui vaut de franchir toutes les frontières ? Son oeuvre théâtrale est réunie ici dans sa totalité.
En avril 1769, avant que son équipage ne débarque sur l'île d'Otahiti, le capitaine Cook délègue Mr. Banks, naturaliste de son expédition, auprès du chef des insulaires, afin de prévenir tout excès sei:suel encouragé par l'accueillante population indigène. Un hilarant dialogue de sourds s'instaure entre le rigide émissaire anglais et le « notable » Outourou, partisan d'une joyeuse immoralité. L'entreprise de colonisation morale va tourner au fiasco.
Le Giraudoux libertaire, le styliste du plaisir sauvage, triomphe dans cette comédie en drapant ses scènes de dialogues équivoques et mordants. C'est drôle, excitant, à chaque page.
Les pièces:
Rue de Babylone Tard dans la nuit, début janvier, à Paris. Un homme, directeur de journal, rentre dans le bel immeuble haussmannien où il habite. Un sans-abri empêche la lourde porte vitrée de se refermer. Une rencontre commence, là, dans ce hall d'immeuble. Parce que l'homme n'a pas sommeil, et que, chez lui, sa femme et ses enfants dorment paisiblement, que tout repose, il laisse la conversation s'engager.
Or, l'un a l'air d'en savoir plus sur l'autre que prévu. Malgré les apparences, seraient-ils plus liés qu'ils ne pensent ?
Où il apparaît que le vie des autres est au moins aussi complexe que la sienne propre.
Les Grecs A quarante ans, H. et L. forment un couple encore jeune, l'oeil vif, le pelage luisant. Ils vivent avec leurs deux jeunes fils dans une belle maison d'architecte, près de Paris. Ce samedi soir, ils reçoivent à dîner leur ami A., plus exactement le meilleur ami d'adolescence de L., retrouvé depuis peu, avec qui ils sympathisent tous deux.
Les enfants sont couchés et le dîner se termine. La conversation s'est engagée sur les héros de L'Iliade d'Homère. Sous le couvert des références littéraires, A. se révèle partisan de la guerre. La guerre contre Troie. La guerre contre l'ordre établi. La guerre contre la famille et contre le couple.
A. et L. s'étaient connus en Grèce, lorsqu'ils avaient dix-huit ans. Ils avaient été brièvement amants, à l'époque, avant que le goût d'A. ne se fixe sur les garçons.
La vie les a séparés. Ils se revoient depuis quelques mois, par la rencontre coïncidente d'H. avec A., et d'un rapport de désir souterrain qui existe entre les deux hommes, à l'insu de L.
Sous l'effet de la boisson et de la frustration à l'image de ce couple « parfait » A. se déchaîne contre L., qu'il traite de bourgeoise puritaine et coincée, sous ses dehors progressistes. Furieuse, L. monte se coucher. Ivre, affalé dans le canapé, H. invite alors A. à lui faire une fellation.
Survient alors O., un jeune Algérien sans-papiers qui a suivi A. chez ses amis. Il est hébergé chez A. depuis quelques semaines. Ils ont une relation sado-maso, purement sexuelle pour A., et assez sentimentale pour O. qui rêve d'une vie de couple avec son ami français, avec les avantages que cela pourrait procurer...
En chroniquant le glissement progressif de la culture au sexe, du sexe au sentiment, du sentiment à la famille, Les Grecs dynamite l'hypocrisie, les mensonges et les malentendus sur lesquels repose la famille dite « nucléaire ».
Il y a cinq personnages dans « Clash »... mais on pourrait presque dire qu'ils sont deux. Deux groupes. Deux générations. Deux idéaux différents.
Il y a Virginie et Laurent, jeunes amants, sportifs, travailleurs et enthousiastes.
Il y a Nicole, Jean et Maxime, proches de la cinquantaine : la femme, le mari et l'ex amant ; anciens amis, ancien trio à la Jules et Jim, anciens du PS.
Tous sont invités à un mariage et logés dans une ferme isolée, condamnés à attendre le train du retour pour Paris... et à cohabiter.
Ils se rencontrent, ils se retrouvent, ils sont troublés, agacés, bousculés, complices, heureux, amoureux, maladroits, furieux...Ils naviguent entre des mensonges trop lâches et des vérités trop crues, entre des antipathies immédiates et des ardeurs retrouvées, entre la confusion et l'insouciance.
Clash est la valse de deux couples entre le rire et les larmes, entre la tragédie et la comédie, le ballet des hommes et des femmes qui, au seuil d'une vie d'adultes ou à l'approche de la maturité, n'aspirent qu'à une chose : vivre avec légèreté leur temps incertain et leurs élans déraisonnables.
Le tome 6 des oeuvres complètes pour le théâtre de René de Obaldia.
"Avec un ciseau brutal, démystificateur, Jean-Pierre Giraudoux construit des tempéraments tout ensemble humains et surhumains, repense la légende... Et le tourbillon recommence, sous les yeux d'un choeur populaire et quotidien dont le langage réaliste commente les passions, les sentiments raffinés des rois."
Georges Wilson, directeur du Théâtre national populaire
Jean-François Josselin, dont c'est la seconde expérience théâtrale (après {l'Enfer et Cie}, adapté de son roman) explique dans un avant-texte comment, grâce au concours - involontaire - de Jeanne Moreau, il a écrit d'abord un récit, {Service des Urgences}, qui est en quelque sorte le point de départ de {la Fortune du pot. La Fortune du pot} : Victor Martial, comédien sans gloire, rencontre par hasard Guiguite, mère de famille, ancien professeur de sciences naturelles. Guiguite est très déprimée : elle se croit laide. Victor fait tout pour la consoler et Guiguite finit par l'amener chez elle où l'attendent son mari et ses deux enfants mal élevés. Là, au cours du dîner familial, tout s'accélère et aimera bien qui aimera le dernier...
Sur la Perspective Nevski, les Possédés se tiennent embusqués. Dans la pénombre, Rogogine, glacé d'épouvante, s'affronte au meurtre, par ascèse. Les bas-fonds grouillent de gueules crevassées en quête d'un peu de soupe. A chaque coin de rue, des bombes explosent, portées par des mystiques qui assassinent par amour de l'humanité. Le docteur Tchekhov pressent la clef du labyrinthe au fond de la Cerisaie qui se délabre. Dans un recoin opaque, Evno Azev : le plus sanglant des terroristes. Ses attentats abattent ministres, gouverneurs, grands-ducs et menacent jusqu'au tsar. Il est lui-même une sorte de tsar de la nuit. Son lieutenant, Boris Souvarski, ne jure que par lui. La jeune et ravissante comtesse Sophie vient se prendre au piège de leur univers de meurtres et de passion. Cependant, les militants tombent par dizaines : il y a un traître parmi eux. Comment peut-on imaginer l'inimaginable : que le même homme soit à la fois le tueur le plus féroce et l'espion le plus retors de la police secrète ? Une pelure d'illusion, une pelure de réalité : ainsi se pèle, selon Azev, l'Histoire. Mais qu'y a-t-il au fond, tout au fond ? Azev a vraiment existé. Boris, que Cendrars appelait "mon ami l'assassin" et qui fascina Churchill, fut vraiment son bras droit.
Giraudoux est, sans contredit, un poète dramatique. Il oscille entre Racine et Marivaux. Cependant, Pour Lucrèce semble plus près de Racine que de Marivaux. Pour Lucrèce est profondément une tragédie. Une tragédie commence là où l'instinct de conservation disparaît. C'est le cas des personnages de Pour Lucrèce. Par passion, ils atteignent un niveau d'ivresse où il ne reste plus qu'à se détruire soi-même.
Ivresse, état de crise, grandeur romaine, fait divers sublimé, règlements de comptes, Cour de cassation, mise à mort, tout ce matériel de tragédie se manipule dans le " charme magique " de Provence, avec une constante pudeur, une acuité de sensation très particulière, et, au besoin, quelques gouttes d'humour délibéré.
Jean-Louis Barrault " À la recherche de Pour Lucrèce "
"Le Jardinier. - Voici le plus beau lever de rideau qu'auront jamais les spectateurs : il se lève et eux voient l'archange des archanges.
L'Archange. - Qu'ils en profitent vite. Ce ne sera pas long. Et le spectacle qui va suivre risque d'être affreux !
Le Jardinier. - Je sais. Les prophètes l'annoncent. C'est la fin du monde.
L'Archange. - C'est une des fins du monde ! La plus déplorable !"