Tiago Rodrigues revient à sa première pièce de théâtre. Écrite et créée à Lisbonne, en 2007, Le Choeur des amants est un récit lyrique et polyphonique. Un jeune couple raconte à deux voix la condition de vie et de mort qu'ils traversent lorsque l'un d'eux se sent étouffé.
En juxtaposant des versions légèrement diff érentes des mêmes événements, la pièce nous permet d'explorer un moment de crise, comme une course contre la montre, où tout est menacé et où l'on retrouve la force vitale de l'amour.
Treize ans après sa première création, Tiago Rodrigues invite Alma Palacios et David Geselson à donner corps à ces deux personnages qu'il a inventés. Il en profi te aussi pour imaginer ce qui leur est arrivé toutes ces années. Sans se limiter à en faire une nouvelle mise en scène, il décide d'écrire sur le passage du temps et ce qui en découle sur la vie des amants. Qu'en est-il, de cet amour qui a défié la mort ?
« Interroger mes personnages sur leur vécu, c'est comme m'interroger sur le vécu de mon théâtre depuis que j'ai commencé à écrire », nous dit Tiago Rodrigues. « Les personnages seront-ils encore amoureux ? Ce jeune homme que j'étais, qui a osé écrire cette pièce, sera-t-il porté par la même nécessité de faire du théâtre ? Je ne sais pas si je suis prêt à entendre la réponse, mais je ne peux éviter la question. »
Cette famille tue les fascistes. C'est une tradition que tous les membres de la famille suivent depuis plus de soixante-dix ans. Ils sont réunis aujourd'hui dans une maison du pays. La plus jeune membre de la famille, Catarina, doit tuer son premier fasciste. Cependant, Catarina ne peut tout simplement pas le faire. Une rangée familiale s'embrase. La violence a-t-elle sa place dans la lutte pour un monde meilleur ?
Fils d'une mère médecin et d'un père journaliste, Tiago Rodrigues s'est souvent demandé pourquoi il avait choisi de raconter le monde plutôt que de le sauver en agissant de manière plus concrète.
Ce thème qui lie l'histoire inti me et la grande Histoire va bien à cet auteur-mett eur en scène qui est virtuose dans l'art de mêler les strates narrati ves.
À Genève, il rencontre le directeur de la Croix-Rouge internati onale et ses équipes. En découlent l'envie de regarder le monde par les yeux de ces personnes engagées dans l'humanitaire et la nécessité d'écrire un spectacle par le prisme de l'inti me.
Qu'est-ce qui pousse un être humain à choisir de risquer sa vie pour aider les autres ? Comment appréhender la questi on de l'appartenance et du « chez soi » ? Quand devient-elle problémati que face au chaos du monde ? Comment cett e double vie entre les zones de crises et de confl its et le retour chez soi dans un pays en paix modifi e-t-elle le regard sur le monde et sur sa vie personnelle ?
Invitant les interviewés puis les acteurs à se mett re à distance, Tiago Rodrigues va composer plusieurs récits à parti r des témoignages de voyages eff ectués sur le terrain par les délégati ons de la Croix-Rouge.
Iphigénie : Nous sommes à Aulis. Agamemnon, le roi, Ménélas et les Grecs désirent Hélène. Ils désirent Troie. Il n'y a pas de vent.
Impossible d'embarquer. Iphigénie doit être sacrifiée. Iphigénie, fille du roi, fille de Clytemnestre. Clytemnestre implore Agamemnon.
Iphigénie décide de mourir. Iphigénie est morte. Iphigénie meurt et le vent se lève.
Agamemnon : Nous sommes à Argos. Clytemnestre, la femme d'Agamemnon, a Égisthe pour amant. Dix ans ont passé. Agamemnon rentre victorieux. Agamemnon rentre de Troie avec Cassandre. Une fête se prépare. Clytemnestre et Égisthe tuent Agamemnon.
Clytemnestre venge la mort de sa fille Iphigénie. Cassandre meurt elle aussi. C'est le brouillard.
Électre : Nous sommes en périphérie d'Argos. Électre et Oreste sont frère et soeur, enfants de Clytemnestre et Agamemnon. Oreste a été contraint à l'exil. Électre a été mariée à un pauvre laboureur. Électre veut se venger. Oreste est de retour. Électre et Oreste se retrouvent. Oreste tue Égisthe. Électre et Oreste tuent leur mère, Clytemnestre. Électre est heureuse. Oreste, non. Le vent se lève.
Il y a du Bouvard et Pécuchet dans Pippo et Ricardo, les deux « savants » protagonistes de cette Encyclopédie de phénomènes paranormaux, de Rodrigo García. Dans la lignée du Livre des damnés, de Charles Fort, et à grands coups de paradoxes, élucubrations ou évidences menées jusqu'à l'absurde, le duo réinterroge les lois de l'univers, entre deux parties de ping-pong et la retransmission à la radio d'un match du Real Madrid. Radicalement pessimiste et fondamentalement drôle, l'écriture de Rodrigo García remue plus que jamais le fer dans les plaies du présent.
De Pippo et Ricardo il est également question dans Désolé, mais là j'ai pas le temps, un texte récent - que nous publions à la suite de l'Encyclopédie de phénomènes paranormaux -, dans lequel Rodrigo García revient sur la destinée de nos deux savants dont le génie fit même hésiter les membres de l'Académie suédoise : fallait-il leur accorder le prix Nobel de Chimie ou de Littérature ? Les deux, assurément.
Plus qu'un art, la tauromachie était pour Juan Belmonte un exercice spirituel, portant les émotions dans un espace infini, dans une éternité. C'est une recherche incessante de la beauté tragique qui est à l'oeuvre dans Liebestod, une tentative de communiquer directement avec le sacré, aussi bien dans la pratique du toréro que sur le plateau de Angélica Liddell. « Je cherche l'instant sublime, la transfiguration, l'enthousiasme débordant, l'éclat et la lumière, ce transport lyrique qui a lieu quand on aime. » Liebestod raconte ainsi bien plus qu'une épopée de la tauromachie, le spectacle devient une offrande, « c'est l'oeuvre d'une femme amoureuse, et mortelle. C'est aussi une immolation ».
Titre du final de l'opéra Tristan und Isolde créé en 1865 par Richard Wagner, Liebestod signifie littéralement « mort d'amour ». Le compositeur met en musique sa propre réécriture poétique de la légende médiévale celtique. Le mot liebestod se réfère au thème de l'érotisme de la mort ou de « l'amour à mort », invoquant l'idée que la consommation de l'amour du couple se fait dans la mort ou même après celle-ci.
Toréro influent, Juan Belmonte naît à Séville en 1892, il est considéré comme un révolutionnaire de la corrida. Au lieu de reculer devant la charge du taureau à l'instar de ses contemporains, Juan Belmonte est le premier à attendre immobile, puis à tenter d'enchaîner les passes. Il est l'inventeur de nombreuses manoeuvres. La légende raconte qu'il se tire une balle dans la tête en 1962 après un désarroi amoureux. Une autre raison pour son suicide chevaleresque serait le désespoir de ne plus pouvoir toréer.
Antigonón, une brigade héroïque : Cette pièce est un patchwork-cabaret qui pose un regard satirique, ironique et poétique sur les mythes et les héros de l'histoire de Cuba, de son indépendance à nos jours.
La pièce se clôt sur une scène autour de laquelle les personnages s'appliquent à déconstruire un texte de José Martí : Abdala (1869), poème dramatique mettant en scène un jeune héros qui, contre l'avis de sa mère, décide de partir combattre pour défendre sa patrie face à une invasion étrangère. Réflexion sur l'histoire nationale mais aussi sur la façon dont elle est enseignée à Cuba.
Ces affaires ne sont pas mes affaires : Cett e pièce nous plonge au coeur de la « période spéciale » : la crise économique dans laquelle Cuba plongea à la suite de l'effondrement de l'Union soviétique. Les conséquences furent immédiatement visibles : magasin d'État vidés, pénuries d'essence, coupures d'électricité massives et à répétition. Une partie de la population cubaine choisit l'exil. Sur l'île, on cherche des solutions : pour parer au manque d'électricité, la population est sommée d'échanger ses vieux appareils électrodomestiques par d'autres, plus économiques. Les ampoules à incandescence, trop gourmandes en énergie, deviennent des pièces de musée.
Tiens tes enfants à l'écart de l'alcool : Ce monologue a pour point de départ la mort du père, première étape d'une plongée dans un monde en putréfaction. De la merde, du sang, de la sueur, du sperme et des larmes, des descriptions glaçantes, une rage que rien n'apaise, cela serait vite irrespirable si ce n'était, aussi, formidablement drôle, grotesque, incongru comme ce poème en forme de chanson satirique sur les dangers d'une fellation en voiture... Ce jeu de massacre, où le fils fouille dans les entrailles du père agonisant pour en arracher la merde, a bien sûr valeur métaphorique : entre naufrage de la révolution et survie sordide.
Un jeune garçon traverse un jardin public pour se rendre au collège, lorsqu'il aperçoit un jeu d'échecs entamé sur une des tables du parc. Il rencontre alors deux hommes qui, sous les pseudonymes de Waterloo et Bailén, jouent à revivre ensemble le duel historique entre Bobby Fischer et Boris Spassky, au mondial d'échecs de Reykjavík 1972.
« Reykjavík est une pièce sur les échecs, cet art qui, comme la vie elle-même, repose sur la mémoire et l'imagination. C'est aussi une pièce sur la guerre froide. Et c'est, avant tout, une pièce sur des hommes qui vivent la vie d'autres personnes. Bailén et Waterloo sont unis et séparés par un échiquier. Mais ils ne jouent pas aux échecs, ils jouent à Reykjavík. Ils jouent à être Bobby Fischer, Boris Spassky, l'arbitre allemand, le garde du corps islandais, la mère de Bobby, la seconde épouse de Boris, les amoureuses que Bobby n'a pas eues, cent enfants qui disent au revoir à Boris le poing levé à l'aéroport de Moscou, Henry Kissiger, le fantôme de Staline, le Soviet Suprême, le cavalier noir qui menace le fou blanc, les pères absents, les champions morts... ».
(Note d'intention de Juan Mayorga, metteur en scène de son texte)
Deux adolescents jouent à regarder à l'intérieur des maisons afin de pouvoir s'éloigner, ne serait-ce qu'un tout petit peu, de leurs vies obscures dans lesquelles ils sont emprisonnés. Pendant que l'un raconte ce qu'il voit dans la maison choisie, l'autre écoute. Ces récits aux allures de contes prennent un aspect de plus en plus étrange. La noirceur de leur vie imprègne leur jeu.
"Et mes parents se souviennent seulement d'une chanson de leur enfance‚ et du nom de la poupée avec laquelle ils jouaient et de leur chat orange‚ aux couleurs des carottes et des citrouilles. Et puis‚ peu à peu‚ mes parents oublient le monde. Et ils pensent aux fourmis et aux fourmilières. Et mon père oublie ma mère. Et ma mère oublie mon père." Une famille heureuse est une oeuvre poétique qui parle de son temps sans pour autant en exhiber les problèmes frontalement. Une cave comme une caverne de Platon où la nature et la société des hommes y sont reproduites et déformées grâce à la parole des personnages qui constituent cette famille, et plus particulièrement celle du fils, un narrateur ou une didascalie personnifiée, jamais nommé.
J'ai la mémoire puissante. J'ai la mémoire longue. Les gens disent que je suis folle de me souvenir. Mais j'ai pas peur de me souvenir. J'essaye de me souvenir tout haut. Je garde mes souvenirs en vie. Je les nourris. Il faut les nourrir sinon ils me rongent. Mes souvenirs remontent à très loin. Je les porte pour bien des gens. Les gens du temps jadis. Je porte leurs souvenirs et je porte les miens.
Après la mort d'un ouvrier à Pittsburgh en 1904, un jeune Africain-Américain appelé Citoyen Barlow se présente à la porte de la maison de Tante Ester, un lieu de paix et de fraternité. Il demande à cette ancienne esclave de deux cent quatre-vingt-cinq ans de «laver son âme». Dans une ville en proie aux manifestations ouvrières au début du xxe siècle, le jeune Citoyen devra traverser «la grande eau» et retrouver la «Cité des Os» afin de se réconcilier avec son histoire, celle de sa courte vie et celle de son «peuple».
Gem of the Ocean ouvre Le Cycle de Pittsburgh, une épopée moderne en dix pièces où August Wilson retrace la condition des Africains-Américains.
Evel Knievel contre Macbeth na terra do finado Humberto : Pour résumer rapidement disons qu'il s'agit d'une guerre plus longue et plus sanglante encore que la guerre d'indépendance du Brésil, où Neronga est appelé à se battre aux côtés du motard cascadeur Evel Knievel qui avait bien du mal à libérer à lui tout seul le peuple bahianais de la tyrannie d'Orson Welles déguisé en Macbeth, qui avait pris le contrôle de la région et qui, en plus, avait eu la brillante idée de rétablir l'esclavage.
4, une pièce concrèt : la pièce parle d'une accumulation de grelots, de têtes de coyotes, de mouvements dans des habits pleins de savon, de tourne-disques qui jouent la Quatrième Symphonie de Beethoven, de coqs qui prennent leurs aises, de petites filles de 9 ans, d'un peu de littérature, de vers attrapés par des plantes carnivores, d'un samouraï, de tennis contre un tableau de Courbet, de dessins animés...
On n'a pas lu ce qui était écrit en petit sur les lèvres de tous ces charlatans de banquiers. Pour eux, on est tous des serveurs et des cuistots, ne l'oublie pas, là pour lécher les plaies béantes des millionnaires qui jamais ne se referment. Maudites plaies de millionnaires, jamais rassasiées, que nous léchons sans relâche...
Aux abords d'un univers kafkaïen vertigineux, Islande déploie son récit à la façon d'un conte philosophique aussi tendre que cruel au coeur de l'Amérique et du capitalisme.
Islande est au programme de l'agrégation d'espagnol de la session 2020, il a été lu pour la première fois en France à Grenoble dans le cadre du Festival Regards Croisés en mai 2018.
Le spectacle Sopro (Souffle), mis en scène par l'auteur a obtenu le Prix « Globo de Ouro » en mai 2018 au Portugal.
Et quand il souffla, cette phrase ne voulut rien dire, « la destruction va leur courir sur les talons ». Ce n'était même pas une phrase, rien qu'une série de sons collés les uns aux autres. C'était un long mot susurré. « La destruction va leur courir sur les talons. » Mais lorsque l'acteur qui jouait le roi Henri prit la parole, « la destruction va leur courir sur les talons », alors cette phrase voulut dire quelque chose, « la destruction va leur courir sur les talons ». Quand cela est arrivé, j'ai senti le plateau brûler sous le bout de mes doigts.
Souffle est une ode au métier de souffleur. Au gré des souvenirs de Cristina Vidal dont c'est la profession, l'auteur rend un hommage délicat au théâtre et à ceux qui le font.
Dans Sa façon de mourir, Tiago Rodrigues propose sa vision d'Anna Karénine et interroge l'acte de traduire : À quel point une langue influence-t-elle la perception d'une oeuvre ?
Autrefois‚ je croyais que si on désirait fortement une chose‚ elle finissait par se réaliser. Qu'il suffisait de la désirer‚ de la désirer réellement...
Massacre est un huis clos qui se déroule dans un hôtel isolé. S'y rencontrent deux femmes à un moment charnière de leur vie. Tel un rituel, dans une atmosphère d'inquiétante étrangeté, elles se retrouvent chaque soir dans le salon. Les mots apparemment ordinaires laissent progressivement entrevoir le trouble qui les habite, jusqu'à l'arrivée impromptue d'un homme qui fait voler en éclats leur équilibre précaire.
Dans une suite luxueuse d'un hôtel de Stockholm, Selma, une écrivaine tourmentée, attend que le jury lui décerne le prix Nobel de littérature. Son roman, Les Imposteurs, connaît un immense succès mondial et lui vaut des menaces de mort de terroristes fondamentalistes. Accompagnée de son éditeur sans scrupules, elle commence à entendre des voix, dont celle de Gertrude Stein.
Passant du réel à l'onirisme, convoquant par la télépathie Heisenberg, Stephen Hawking, Nietzsche, Mahomet et... Gertrude Stein, la pièce dénonce les fanatismes politiques et religieux, la xénophobie, la discrimination, la trahison ; elle parle de fragilité humaine, d'éthique ou du succès vidé de sens dans la société contemporaine.
Huis clos pendant la canicule dans un hôpital qui se décline en trois espaces : la chambre où est couché le Troisième atteint d'un mal étrange ; la porte de la chambre où comme des cerbères se tiennent l'Une et l'Autre ; la salle d'attente où sont assis sur un canapé, face à la porte de la chambre, l'Aîné, Celui du milieu, le Plus Petit. Une grande farce qui manie l'humour absurde entre Ionesco et Beckett, la parodie, l'ironie et le sarcasme pour dire la solitude, l'incommunication, les traumatismes familiaux sur fond de franquisme.
L'auteure navigue entre un ton mythique et des passages très quotidiens. Elle fait s'entrechoquer deux langues. Ce qui confère à la pièce une dimension extrêmement comique, absurde voire grotesque par moments. On ressent cependant toute la tendresse que lui inspirent ces personnages, enfermés dans leurs stéréotypes et qui ne cessent d'en chercher la porte de sortie
Bon, ce que je vais vous exposer ici c'est ma vision de notre « accident », je veux dire, essentiellement mon interprétation de ce qui s'est passé - et de ce qui ne s'est pas passé (c'est d'ailleurs ce qui compte le plus pour vous) - dans le but de faire avancer le procès dans les meilleures conditions, et donc, la situation du parti, nos propres vies et, pourquoi ne pas le dire, la situation générale de notre pays, voire même du monde [...].
Cinq membres d'un parti politique dans une maison à la campagne, après une soirée bien arrosée. Il est 4h du matin, ils discutent. Un événement du passé dont il ne faut pas trop parler - « l'accident » - affleure dans la conversation. La tension monte. Les excès (la nourriture, l'alcool, la drogue, le sexe, les cris...) contrastent avec le dialogue tendu, troué, elliptique, les sous-entendus, les silences parfois. On parle par allusions, le désespoir s'installe. La pièce interroge les relations de pouvoir à l'intérieur d'un parti politique, les bas-fonds du pouvoir, la relation tendue entre les sphères privée et publique.
Assigné à résidence dans un pays lointain et froid, sa maison comme prison, Salvo Castello a été l'un de ces seigneurs de la guerre colombiens qui a étroitement collaboré à l'exécution de massacres. Pour acquitter sa dette, il doit affronter des faits du passé, des fragments oubliés par volonté, par obligation ou par inertie. Comme dans une tragédie shakespearienne, il doit faire face aux fantômes de son passé et subir à son tour la vengeance de ses victimes, assumer leur poids sur sa conscience.
Fabio Rubiano s'interroge sur la manière de parler de la guerre civile en Colombie sans avoir besoin de faire appel aux symboles des partis ni aux manifestes idéologiques. Comment peut-on faire entendre la voix des victimes et des bourreaux sans recourir aux discours partisans ?
Aux abords de la colonie pénitentiaire de Mettray, centre de réclusion pour mineurs délinquants célèbre pour avoir compté Jean Genet parmi ses pensionnaires, un cirque s'installe, et pas n'importe lequel : c'est le cirque de Buffalo Bill, venu du Far West, en tournée en Europe. Et le clou du spectacle n'est autre que Calamity Jane. Deux groupes vivant chacun en marge de la société et de ses normes vont alors se côtoyer, se rejoindre parfois. Il y a d'une part les jeunes délinquants (dont un certain Jean, âgé de 14 ans), des gosses qui ont franchi le seuil du mal, enfermés pour vol, viol ou meurtre. Entre eux, ils rêvent d'un ailleurs ; avec les gardiens, ils négocient (des sorties, par exemple)... des négociations qui prennent souvent la forme de faveurs sexuelles. Et d'autre part, il y a le cirque, un univers qui rassemble d'autres exclus. Très vite, une relation se noue entre Jean et Calamity Jane. Et l'ombre de Billy The Kid n'est jamais loin...
Les fantasmes ne sont pas des plans d'action, merde. Ce ne sont que ça, des fantasmes. Mais on n'a pas l'habitude d'en parler, tu sais ? Parce que ça fait vraiment flipper de se confronter à sa propre obscurité. Même si c'est un fantasme. Et on est comme ça, nous, êtres humains : nous ne sommes pas parfaits.
Une comédie teintée de science-fiction qui se joue de tous les genres. Horreur, suspens, action, science-fiction, romance et fantastique sont au rendez-vous pour nous dresser un tableau des relations humaines dans toute leur complexité et leur absurdité.
Je veux toujours quelque chose en plus, quelque chose de plus grand, quelque chose de réel. Ce qui me manque, c'est le plaisir, je manque du vrai, du véritable plaisir, de la satisfaction totale. Ce dont je manque, c'est de totalité´. Ce dont je manque, c'est d'une sorte d'intégrité´. Ce dont je manque, c'est d'une réalité´ authentique. Tout est comme dans un rêve, comme dans une gangue de caoutchouc.
Cette pièce est une quête effrénée du plaisir à tout prix, une recherche d'intensité par le sexe, la drogue, la violence mais qui dévoile surtout une désorientation et une perte de repères. Tout cela, avec le désir profond de trouver du sens, de l'amour et de la liberté. C'est un voyage qui, avec humour, tendresse et poésie nous renvoie à nos propres questions sans réponse.
Galin Stoev
Mon bras : un adolescent vit une existence banale dans l'île de Wight. Plutôt complexé, il se lance à lui-même des défis quelque peu infantiles, comme de garder longtemps un caillou dans la bouche. Un jour, il décide de lever le bras et de le garder dans cette position. La société met en place des réponses violentes ou inadaptées à ce geste obstiné et incompréhensible. Déclaré handicapé, errant de clinique en clinique, il est finalement récupéré par l'art contemporain, qui en fait une de ses icônes et met son bras en vente.
Adler et Gibb : une star de cinéma américain, Louise, et son coach, Sam, débarquent un jour dans une maison perdue au milieu de la forêt. Ils viennent tous les deux répéter in situ un projet de film, autour de deux artistes, Janet Adler et Margaret Gibb, dont les oeuvres ont atteint des sommets sur le marché de l'art, depuis le décès de Janet Adler, morte dans des circonstances mystérieuses. Persuadés que l'endroit est abandonné, Louise et Sam forcent la serrure, fouillent partout à la recherche de traces précieuses mais se heurtent bientôt à la figure de Margaret Gibb, qui vit encore sur les lieux et s'indigne de cette intrusion.
Dans la pièce de Shakespeare, Le Roi Lear, le Fou disparaît à l'acte III, avant que le massacre n'advienne, avant que que quelqu'un ne devienne aveugle. Il part avant l'entracte, avant la pause au bar du théâtre.
Dans ce monologue qui oscille entre stand-up et performance collective, Tim Crouch fait revenir le Fou dans la pièce, là où il l'a quittée. Il y retrouve un monde en ruines, un monde où le pouvoir est corrompu, où l'argent camoufle le pire, où les plus pauvres sont déshumanisés, où les blagues tombent à plat, où le spectacle vivant est un privilège réservé à une minorité.