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Prix
Alain Veinstein
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Chien perdu et autres chiens trouvés
Alain Veinstein
- Flammarion
- Documents
- 6 Novembre 2024
- 9782080462404
J'avais photographié avec mon téléphone portable deux chiens qui avaient élu domicile au cimetière de Larache, près de Tanger, où est enterré Jean Genet. Ces photos, je les ai postées sur Instagram, et les réactions m'ont incité à poursuivre ma traque. J'ai photographié des dizaines de chiens. Je leur trouvais toujours quelque chose, sans trop savoir quoi. Quelques-uns apparaissent dans ce livre. Encore fallait-il les accompagner d'un texte, un texte de compagnie en quelque sorte. Mais écrire sur les chiens ne relevait pas pour moi de l'évidence. Au moins, je pouvais imaginer un récit. Par exemple, l'histoire d'un homme ravagé par la perte de sa chienne. Une histoire d'amour. L'homme aurait à ma façon photographié des dizaines de chiens. Convaincu d'y retrouver sa chienne, il aurait fait défiler toutes ses photos pour finalement se rendre compte qu'il ne l'avait jamais photographiée. Mais où la chienne, celle de chair et de sang, était-elle passée ? Une enquête menée avec les moyens du bord dans le village du Sud où l'homme s'était retiré, n'ayant de contact qu'avec un groupe d'enfants, le dirait peut-être.
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Un roman, au fond, ne finit jamais. Plus de vingt ans après son écriture, je tombai un jour de grand rangement sur L'Accordeur, ma première tentative de roman. Rouvrir un livre ancien dont on est l'auteur, c'est s'exposer à retrouver la voix des personnages, ou de certains d'entre eux, à condition de ne prêter attention qu'à ce qu'ils disent ou, si possible, qu'à ce qu'ils taisent.Au hasard des mots qui me parvenaient, des phrases plus que des actions, des lieux, des états, des situations ont sollicité ma mémoire. J'eus la tentation, en me perdant plus avant, d'aller plus loin. Ou en tout cas, de voir si je pouvais redonner vie à des personnages que je croyais à cent pieds sous terre alors qu'ils restaient disponibles à de nouvelles voies de fiction.En même temps, je me suis efforcé de ne pas créer trop de dissonances avec la petite musique de L'Accordeur, dans une version remaniée proposée ici à votre écoute.Alain Veinstein s'est fait connaître par sa présence quotidienne à la radio pendant quarante ans. Il a reçu le grand prix de la SCAM pour son oeuvre radiophonique. En tant qu'écrivain, il a été salué par de nombreux prix littéraires.
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Les trois oeuvres réunies ici pour la première fois, Le Développement des lignes, Voix seule et Scène tournante, n'en forment en réalité qu'une seule. Oscillant entre la poésie et le récit, l'auteur y déploie de nouvelles cosmogonies intimes, brisant les lignes du roman.
Préface inédite de l'auteur
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«Cet homme que je n'ai pour ainsi dire jamais approché en chair et en os, je l'ai toujours considéré comme une espèce de monstre, de boucher, qu'il m'est même arrivé de me représenter dans la peau d'un chien atteint par la rage. Parfois je préférerais le savoir mort, quitte à en être le meurtrier.» Un pianiste célèbre passe une nuit avec une admiratrice, qui va donner le jour à un enfant. L'amant d'une nuit, marié et préoccupé uniquement par sa carrière, ne veut rien savoir. Il faudra que le fils le retrouve, bien des années plus tard, pour lui arracher l'aveu de sa paternité. Sans un mot. Dans la seule complicité de la musique qu'ils seront amenés, ensemble, à improviser. La partition est un roman d'apprentissage et de reconnaissance réciproque. Et si l'amour est le fil rouge de ce récit, la musique en fournit le tempo et la construction, faite de séquences assez brèves qui se succèdent à un rythme soutenu. Elle prend surtout le relais des mots, quand le dénouement approche, pour renouer le lien perdu.
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«Nous nous égarions souvent, et non sans plaisir, du côté de nos enfances respectives. Léna était incapable de mentir. Il y avait des vérités que j'aurais préféré, certaines fois, ne pas entendre, mais rien d'autre que ce qui avait précisément eu lieu n'était à attendre de son récit. Tout ce que je racontais, en revanche, n'était qu'un tissu de mensonges, de l'affabulation bourrée de méchanceté. Ni pays ni enfance, c'était mon lot. Et pour en améliorer l'ordinaire, je m'étais inventé une mère absente, un père prisonnier, un grand-père fossoyeur, toute une généalogie abracadabrante, mais non dénuée de sens, plus vraie d'une certaine façon que la vérité.»
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Alain Veinstein rencontre Sam Szafran de 2008 à 2011. Alain Veinstein souhaite entendre l'artiste sur son amitié avec Alberto Giacometti. Mais très vite, celui qui refuse toutes les interviews, se confie. Szafran parle de son enfance, de son «expérience juive», qui appelle, selon lui, le retrait et la solitude, puis de la peinture qui sauve ce jeune enfant coupable d'avoir survécu par miracle à la guerre. Jean Clair dit de son oeuvre que «c'est l'une des plus secrètes et les plus poétiques de ce temps». Écorché vif, artiste du vertige, Sam Szafran se livre ici pour la première fois. Entretiens avec Sam Szafran est l'unique témoignage de cet artiste des ateliers, des imprimeries, des escaliers ou des plantes, qui aux fusains noirs et luisants à mêlées les poudres colorées des pastels. On y croise Yves Klein, Alberto et Diego Giacometti ou Henri Cartier-Bresson et la peinture. Un cahier hors texte en couleur permet de mieux apprécier l'oeuvre de l'artiste. Sam Szafran, né à Paris en 1934, est fils d'immigrants juifs polonais. Après la guerre, puis après quatre années passées en Australie, il revient à Paris en 1951. Il aborde sa carrière de peintre sous le signe de l'abstraction à l'académie de la Grande Chaumière. Il rencontre Yves Klein, Django Reinhardt, Jean-Paul Riopelle, Joan Mitchell, Henri Cartier-Bresson et Alberto et Diego Giacometti... En 1960, il découvre le pastel qui deviendra sa technique de prédilection. À partir des années 1970, son oeuvre se resserre autour de quelques thèmes, sans cesse développés : l'imprimerie, l'atelier, l'escalier, les plantes. Des expositions importantes lui ont été consacrées, notamment à la fondation Maeght à Saint-Paul-de-Vence, au musée de la Vie Romantique à Paris, au musée Max Ernst de Brühl, à la fondation Pierre Gianadda de Martigny...
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Mais qu'espère-t-il donc cet homme qui passe ses jours à attendre le client en broyant du noir dans sa galerie d'art contemporain ?La crise est partout. Dans les têtes, sans doute, plus encore que dans le commerce d'art...Un jour, pourtant, par la grâce d'un orage, un visiteur franchit sa porte et la vie du galeriste va basculer.«Et, à présent, je ne peux plus imaginer mes jours sans son attention et ses silences ; sans sa lucidité, surtout, qui porte chacune de ses paroles. De ce qu'il est, je me sens de plus en plus proche et, si je n'ai pas complètement sombré ces derniers jours, c'est à sa présence que je le dois. Il m'aide à oublier ce que j'ai si mal appris, à faire place nette pour commencer à essayer d'être moi-même.»
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Vingt et une fois, Bernard Noël fut l'invité d'Alain Veinstein sur France Culture (entre 1979 et 2014) dans son émission quotidienne de littérature «Du jour au lendemain». Et dès les premiers mots, celui qui l'écoute saisit que cette voix est l'émanation d'une pensée de haut vol articulée sans détours et ouvrant des perspectives inédites. Parce que Bernard Noël y joue un rôle essentiel de passeur, à la fois de ses textes, de la littérature en général (le lecteur visitera sa bibliothèque, rencontrera les écrivains aimés) et de l'écriture en particulier, de l'histoire de la peinture, de ses nombreux voyages (à dimensions littéraire et politique), ces entretiens méritaient d'être regroupés dans un livre. Le voici, comme une trace aujourd'hui nécessaire pour interroger notre devenir.
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« Au début du siècle, à la nuit tombée, je regardais souvent par la fenêtre. Dans ma banlieue, il y avait très peu de lumière. Pas grand-chose à contempler. Des sortes de signaux, tout au plus, que je croyais adressés par des personnages. Les retrouvant de soir en soir, je pris l'habitude de leur prêter des fables en les imaginant sous les traits de personnes ayant réellement existé : mon père et ma mère, par exemple, que je sortais de la nuit en les jetant sur le papier. Je vivais ainsi les tensions qui ne me laissaient pas en paix. Les fables que j'inventais, je les vivais.
Un livre parut en 2001 sous le titre Bonnes soirées dans une quasi-clandestinité. Presque vingt ans après, j'ai retrouvé des textes contemporains, et j'ai voulu en poursuivre l'expérience comme s'ils me réveillaient d'un long sommeil en me rouvrant les chemins de l'écriture ».
A.V.
Livre après livre, Alain Veinstein revient sans les épuiser sur les mêmes questions : l'origine, la rencontre, le saisissement du corps, le sauvage qu'il y a en l'humain, la disparition, la hantise de l'accomplissement.
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Une déclaration d'amour à la radio, par le créateur des Nuits magnétiques qui a un auditoire très captif. Une sorte de confession qui est aussi une réflexion sur l'art radiophonique, autant fait de silences que de paroles.
Ce livre rassemble, sous différentes formes, des récits sur la radio. Il n'est cependant ni un manuel technique, ni un essai socio-historique, ni un traité théorique et encore moins des mémoires ou un pamphlet sur ce moyen de communication.
Il n'est pas davantage une fiction, comme l'était L'intervieweur, publié par l'auteur en 2002.
Il veut être le récit sentimental d'une pratique à haute tension, commencée en 1978, sur France Culture, avec la création des Nuits magnétiques, poursuivie par la suite avec d'autres émissions, notamment Surpris par la nuit et Du jour au lendemain - un entretien quotidien avec un écrivain, encore à l'antenne actuellement.
Alain Veinstein retrace le périple qui l'a conduit au micro grâce à de multiples hasards et malgré ce qu'il appelle son « passé de silence ».
Il dit cette sorte de « sauvagerie » qui n'a cessé de l'inspirer dans ses différents projets radiophoniques ; la passion aussi, qui lui a permis d'aller de l'avant, dans cette voie toujours plus intense, mais toujours plus étroite que traversent des élans contradictoires : la volonté de se taire et l'obligation de parler.
Radio sauvage tente enfin de faire partager l'expérience singulière de l'interview, entre écoute, parole et silence, en invitant le lecteur au plus près du micro.
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Au lendemain d'une séparation agitée, je fus contraint de chercher un petit appartement pour y recevoir mes enfants chaque week-end. Mon choix se porta sur un modeste logement, une sorte de mansarde, rue Brézin, dans le 14e arrondissement de Paris.
Les clefs en main, j'entrepris de rendre l'endroit un peu plus accueillant en y passant un coup de peinture. La tâche se révéla plus compliquée qu'elle n'en avait l'air. Je n'avais pas mesuré l'état catastrophique des lieux. Lorsque je passais le pinceau, par exemple, la peinture du plafond s'écaillait et tombait par pans entiers. Réputé pour ses compétences dans ce domaine, un ami, le peintre, graveur et fresquiste Joerg Ortner, accepta de me donner des conseils. Mais s'avisant très vite que je n'étais pas vraiment l'homme de la situation, il m'offrit purement et simplement de prendre en charge le chantier.
Ce fut le début d'une aventure tumultueuse entièrement dépendante de son amour immodéré de la perfection, qui rendit la réalisation de notre projet longtemps improbable.
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" Par une nouvelle question, en jetant de l'huile sur le feu, je vais jouer le tout pour le tout. Dans le casque, je m'entends la lui poser. Ou plutôt, j'entends une voix, qui est censée être la mienne, poser une question. Quand je m'écoute parler, l'intervieweur prend mon relais, ce n'est plus moi qui parle, je me surprends même parfois à prononcer des mots dans une langue qui m'est en grande partie étrangère. " Alain Veinstein présente actuellement l'émission " Du jour au lendemain " sur France-Culture. Il a notamment publié L'Accordeur (Calmann-Lévy, 1996, Folio, 1998), et Violante (Mercure de France, 1999, Folio, 2001). Il a reçu le prix Mallarmé en 2001.
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« Arrivé par hasard sur Twitter, j'ai vite cherché à en faire une voie d'écriture. En m'impliquant à visage découvert, tel que je crois être : un écrivain, auteur de romans et de poèmes, intervieweur d'écrivains à la radio depuis longtemps, arrivé à l'âge où la porte du royaume des souvenirs reste grande ouverte, habitant Malakoff, au sud de Paris, travaillant ou faisant semblant de travailler, aux heures ouvrables, rue de Tournon, dans le sixième arrondissement de la capitale, promeneur de chien à ses heures, homme de la rue, donc, l'oeil et l'oreille aux aguets dans les paysages urbains, usager des transports en commun, voyageur à l'occasion, dormeur, également, se laissant surprendre par ses rêves... Il en est résulté une suite de tweets sautant chaque jour du coq à l'âne jusqu'à ce que se dégagent des motifs, souvent fictionnels, dont je me suis efforcé de tirer les fils quand l'idée du livre - et la tentative d'unification qu'elle exige - s'est imposée. L'autoportrait en miettes a alors cédé le pas à une sorte de roman par tweets où la vie vécue et la vie rêvée du narrateur sont amenées à se rencontrer. »
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Parfois, nous attendons ce qui n'arrive pas : un événement dont dépend si sûrement notre sort que, pour l'oublier, on finit par le perdre dans des choses qui n'existent pas.
Mais ici, nous suivons les lignes d'un poème : ça ne va pas se passer comme ça. c'est l'amour qu'attend le narrateur. il ne rêve pas. il s'en fait déjà une fête, alors qu'autour de lui tout menace de s'écrouler d'une seconde à l'autre. grâce à la musique et à la danse, il a la certitude qu'il va enfin se rejoindre lui-même dans l'étreinte de deux bras inconnus. pourtant, dans le dancing oú il échoue, il accumule les faux pas au point que son histoire elle-même a l'apparence d'un faux pas.
Derrière la jeune fille qu'il croit aimer se profile une autre femme, qu'il n'a jamais su aimer.
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Ce volume rassemble mes six premiers livres, publiés de 1974 à 1989 et aujourd'hui, pour la plupart, introuvables. Livres de poèmes ? La réponse n'est pas si simple. Mon approche de la poésie, dans ces années-là, était plutôt conflictuelle. Le voisinage de textes qui vont à la ligne, comme tout poème qui se respecte, et de fragments de prose rythmé par des blancs, est là pour en témoigner. Trop d'art, pensais-je, tue la poésie ; sauf à en faire, selon l'expression souvent citée de Claude Royet-Journoud, un « métier d'ignorance ».
En fait, mon seul dessein était d'essayer d'inventer une langue à partir d'un nombre très restreint de mots. Des mots capables de charger d'émotion ce qui m'apparaissait comme une vue d'ensemble des choses, une voie d'accès au sens, exploré en tous sens, et aux remises en question. Surtout, des mots avec lesquels j'avais une relation assez forte pour leur confier mon désir d'essayer de me chercher, sans doute de parvenir à être moi-même, en tout cas ma raison d'écrire.
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Dans ce livre qui s'inscrit dans une nouvelle forme de poésie narrative inaugurée avec Le développement des lignes, Alain Veinstein offre non pas un recueil de textes, mais des éclats successifs qui finissent pas raconter une histoire, ou une situation.Le titre, Voix seule, résume l'enjeu : un personnage (homme) tente d'exister par sa seule voix, par le chant, dans un monde totalement désagrégé où il se retrouve seul, absolument seul, sans aucun lien avec qui que ce soit sinon par le chant où se joue le battement vivant de l'existence. Sa relation au monde passe par la voix, un monde qui s'est petit à petit réduit aux éléments d'un théâtre, le décor, le rideau, les coulisses pour accéder à une probable scène. Et, venant le hanter sans cesse, le père mort, qui apparaît ici comme le spectre de Hamlet. Et tout ce qui peut tourner autour, comme images mentales, par exemple creuser un trou, enterrer, à l'exemple du fossoyeur.Comment s'ouvrir un chemin dans l'épaisseur de la nuit, et faire en sorte que le noir ne prenne pas toute la place, quand on ne dispose pour tout espace que d'un genre de couloir paraissant ne mener nulle part, sinon à un rideau de théâtre rouge sang., derrière lequel on ne saura jamais exactement ce qui se trouve.
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Ce livre, malgré les apparences, n'est pas un recueil de poèmes. Un récit, plutôt, s'y dessine. Voici un acteur dans l'attente du lever de rideau. Pour lui, c'est l'aventure d'une promesse. Il va enfin voir le monde d'un oeil neuf, grand ouvert sur l'inconnu. Mais très vite, la tension à laquelle il est soumis ne diffère en rien de celle qui a marqué son enfance, vécue comme l'apprentissage du silence et de la peur. Et sur la scène du théâtre, où il a des allures de naufragé sur son radeau, il est confronté à l'affolement du temps, qui joue contre lui sans lui laisser le moindre espoir de voir un jour le rideau se lever. Demain, sur une scène tournante, c'est déjà hier.Dans la même lignée que Le Développement des lignes et Voix seule, Alain Veinstein poursuit son oeuvre sur un passé douloureux, enfoui dans la nuit et l'obscurité, que la prose poétique s'obstine à dévoiler, dans l'espoir de s'en délivrer. Une démarche importante et reconnue dans la poésie contemporaine. Le Centre de poésie de Marseille consacrera un numéro de sa revue à Alain Veinstein au mois de février.
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"En 2002, pour les besoins d'un roman, j'ai inventé un personnage d'intervieweur. Comme à l'époque je faisais de la radio, on a vite fait de confondre le vrai intervieweur avec le faux. Pourtant, mon rapport à la radio n'avait pas grand-chose à voir avec celui décrit dans le roman. C'est peut-être ce qui m'a conduit, des années après, à vouloir retrouver ce personnage. Ne serait-ce que pour clarifier les choses.
Ça tombait bien, il venait de mettre un terme à son aventure radiophonique et disposait donc de la distance et de la disponibilité nécessaires à une vue plus juste de ce qui avait été la passion de sa vie. En même temps, il devait tenter de substituer d'autres passions (pourquoi pas un grand amour ?) à celle dont il devait à présent faire le deuil. Comment allait-il s'accommoder de son infortune ? Un aller simple pour Venise, si possible en belle compagnie, pourrait-il combler l'immense vide ouvert devant lui ?" Angela est une des figures féminines de ce roman, avec d'autres, une serveuse de café, une violoncelliste, qui inspirent rêveries et fantasmes chez le narrateur, qui a pour habitude et presque obsession de noter ses sensations, sentiments et observations dans un carnet, sous la forme de brefs fragments ciselés comme des tweets poétiques.
Un livre qui renverse le crépuscule en aube, pleine de fraîcheur et d'espoirs.
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Très jeune, je voulais être peintre. J'y travaillais en solitaire entre les quatre murs d'une chambre de bonne ou sur le vif des rues de Paris et des campagnes environnantes. Quoi qu'il arrive, je passais le jeudi au Louvre comme d'autres préféraient les plaisirs du stade ou du bowling. Puis le doute s'est emparé de moi avec fureur. À mes yeux, il y avait trop d'art dans la peinture et pas assez de vérité. Seule l'approche de la vérité me semblait devoir être tentée. Pour joindre l'acte à la parole, j'ai détruit tout ce que j'avais conservé, fais table rase des pinceaux et tubes de couleur, bien décidé à tirer un trait définitif sur mon rêve d'enfant. D'ailleurs, la littérature et la radio ont presque aussitôt pris le relais.
Jusqu'au jour où, en 2014, venant de quitter définitivement la radio, j'ai osé franchir la porte d'une boutique de matériel pour artistes. Je n'avais aucune idée de ce que j'allais faire du chargement avec lequel je suis ressorti. Très vite, je me suis jeté à l'eau. Une peinture en a appelé une autre, des séries se sont composées, et je me suis retrouvé pris dans un rythme d'enfer, une vraie addiction qui m'accapare du matin au soir comme si, un demi siècle plus tard, j'essayais de rattraper le temps perdu.
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Comme je venais lui tenir compagnie dans la cour poussiéreuse, pour la première fois j'ai parlé avec ma mère.
Elle me disait la force de son désir d'enfant, quand un orage inattendu nous a obligés à rentrer. La conversation a tourné court. Une fois de plus je devrai repartir de zéro alors que nous étions si près du but. Encore faudra-t-il que mon audace d'aujourd'hui ne la dissuade pas de me rouvrir sa porte. J'ai d'autant plus de questions à lui poser que rien ne bouge dans la maison. Rien n'a jamais bougé. A.V.