Mai 1942. À Paris, l'ambassade d'Allemagne fête le général Oberg, chef suprême des SS. Les soutiens de la Collaboration ont été invités. C'est le banquet des vainqueurs, tandis qu'à Montmartre, inquiet du sort de sa famille, en Pologne, un fourreur juif partage son repas avec monsieur Roland, son voisin de palier. L'ordre nazi serre la France à la gorge.
Saint-cyrien, affecté à Berlin en 1933, le capitaine Tremblé fait de ses rapports autant de cris d'alarme. Entré dans la clandestinité, dans Paris occupé, il entend les sanglots de ceux qu'emmène le peloton d'exécution. Chroniques de l'ombre, ses mémoires recréent la présence de ceux que la passion de la liberté conduit à tous les sacrifices.
Du Moyen Âge à la fin du XVIIIe siècle (quand l'ère industrielle se prépare aux plumes en acier), miniatures, gravures, tableaux répandent l'image des Évangélistes et des Pères de l'Église écrivant, à leur table de travail, une plume d'oiseau à la main. Sacralisation de l'écrit. Promotion du scribe. La plume est au coeur de l'image. Mais l'univers religieux n'est pas seul en cause. Patrick Wald Lasowski montre comment la littérature s'invite dans cette histoire, comment, de plumes sacrées en plumes profanes, de plumes sages en plumes folles, la plume s'émancipe. Instrument de combat, comble de la parure, accessoire sexuel : l'essai nous invite à suivre la plume dans toutes ses métamorphoses. Légère, impérieuse, fouettant le désir.
« On dit du vin qu'il délie les langues. Que dire du plaisir ?
Au XVIIIe siècle la langue de l'Eglise, le langage du droit, le discours médical s'inquiètent de l'assaut des belles lettres contre l'autorité. Les prêtres dénoncent en chaire l'affaiblissement de la foi et les progrès du vice. Dieu souffre en silence. Comment ne serait-Il pas indigné, demande l'abbé Cambacérès, devant «et les blasphèmes de l'impiété, et les triomphes de l'hérésie, et les progrès du libertinage, et tous les ravages que l'ennemi fait dans le champ de son Eglise». La langue est le lieu d'un combat ».
En 1680, dans son Dictionnaire français contenant les mots et les choses Pierre Richelet définit le libertinage comme «dérèglement de vie. Désordre». Dérèglement est le mot. C'est à travers lui, c'est à travers cette rencontre du libertinage et du dérèglement que le roman libertin du XVIII? siècle s'approprie la peinture des plaisirs. La littérature romanesque n'est-elle pas la zone franche de la littérature comme le sexe est la zone franche du corps ? Licence effrénée du roman. Il dérange les codes, renverse les usages, provoque les censeurs. Il est par excellence l'Irrégulier. «Femmes et filles plongées dans le désordre», il est impossible de garder «un silence profond sur vos dérèglements» écrit Diderot, qui fait parler les bijoux pour faire entendre au monde tout son dérèglement. Chaque roman libertin rejoue à sa manière le jugement porté sur Le Portier des Chartreux : «Enfin toutes les règles du roman sont violées dans celui-ci : religion, moeurs, honnêteté, vérité, vraisemblance, rien n'est ménagé.» Si le roman a jamais eu de règles, s'il a souhaité s'en donner, les voici réduites à rien. Le libertinage vient.
Des vies, mais telles que la mémoire les invente, que notre imagination les recrée, qu'une passion les anime. Des récits subjectifs, à mille lieues de la biographie traditionnelle. L'un et l'autre : l'auteur et son héros secret, le peintre et son modèle. Entre eux, un lien intime et fort. Entre le portrait d'un autre et l'autoportrait, où placer la frontière ? Les uns et les autres : aussi bien ceux qui ont occupé avec éclat le devant de la scène que ceux qui ne sont présents que sur notre scène intérieure, personnes ou lieux, visages oubliés, noms effacés, profils perdus.
Contre l'interdit de la scène sexuelle, l'estampe libertine en exhibe l'image. Le siècle des Lumières appelle les gravures dans la plénitude du plein jour. L'essai s'organise en trois parties :
I. Faire posture interroge le catalogue des postures érotiques et la manière dont la gravure souligne, à travers elles, la nature spectaculaire de la scène sexuelle.
II. Célébrations païennes traite des estampes tirées des tableaux du plaisir, dont la multiplication fonde la circulation moderne des images.
III Le démon du bizarre traite des « bizarreries », fouet, sodomie, homosexualité., que met au jour l'illustration des romans libertin.
C'est ainsi qu'évolue la gravure libertine, entre galanterie et obscénité, jusqu'à l'avilissement de la fi gure dans la caricature révolutionnaire.
Du haut de la chaire, il apostrophe, exalte, terrifie les fidèles. Sa parole est une arme, qui appelle à mettre à mort tous les hérétiques. Docteur en Sorbonne et curé de Saint-Benoît, à la tête des Seize, Jean Boucher attise par ses sermons la fureur du peuple. Bientôt, la première journée des barricades dans l'histoire de Paris oblige Henri III à prendre la fuite. Maîtres des lieux, les Seize rêvent de remplacer la monarchie par une dictature théocratique. Boucher triomphe. À ses côtés, Pierre Tison, qui s'est fait capucin, est le plus fidèle, le plus aimé de ses disciples. Secrétaire et confident, porte-drapeau, porte-glaive, il est le Dix-septième. Mais quel secret, quelle blessure le jeune moine cache-t-il ? À travers les violences de la guerre, de la peste et de la famine, quels sont les liens qui l'unissent à Madeleine Longeville ? En racontant l'histoire de destins exceptionnels, confrontés aux luttes que mènent Henri III, Henri de Navarre et les Guise, Les singes de Dieu montre l'intolérance des prédicateurs habités par la haine. Alors que la passion religieuse et les horreurs du fanatisme constituent la tragédie de notre époque, Patrick Wald Lasowski met à nu les passions de ceux qu'aveuglent la gloire et la Terreur de Dieu.
Du roman de La Terreur, qui représente les années sanglantes de la Révolution, aux Singes de Dieu, Patrick Wald Lasowski poursuit l'exploration romanesque de la violence, où se mêlent enjeux humains, philosophiques et politiques. Qu'il s'agisse du commissaire Grand-Jacques ou du capucin Pierre Tison, ses personnages restent dans la mémoire, comme de puissants révélateurs de notre Histoire.
Voici venir les fêtes aux flambeaux et les feux d'artifice.
Les filles entretenues, qu'on appelle "filles du monde", se lancent à l'assaut des nouvelles fortunes. Partout, c'est la fureur du jeu, la passion du théâtre. La foire bat son plein. Les peintres, les écrivains, les musiciens, les décorateurs mettent leurs talents au service des voluptés. L'art de la toilette porte à son comble la rage de séduire. La fabrication des laques et des vernis connaît des progrès inouïs.
On boit rubis sur l'ongle le vin de Champagne dans les parties de débauche. Le monde est en mouvement. Une culture du plaisir s'inaugure ici, qui libère le désir, entraîne de nouvelles visions de l'amour et fonde dans l'imaginaire la naissance du siècle libertin.
La guillotine ne passe pas.
Comme une arête dans la gorge, comme une angoisse qui étouffe, la guillotine hante le XIXe siècle. Elle reste en travers des temps modernes. Elle biaise le rapport que notre modernité entretient avec les images.
C'est ainsi que l'échafaud s'inscrit dans la mémoire et découpe un nouvel espace de représentation : la littérature, la peinture, la photographie, le cinéma, jusqu'au vidéoclip (habité par l'hystérie de la coupure) doivent beaucoup à l'appareil de mort. Comment tirer un portrait ? Comment prendre une image du réel ? La photographie invente l'« obturateur à guillotine » (tandis que l'aide du bourreau est surnommé le « photographe »). Au cinéma, une prise de vues se fait toujours entre deux claps. « C'est bon. Coupez ! » Et, de même, la coiffure, le maquillage, les figures de cire, tout ce qui assure l'exposition romanesque du visage obéit, on le verra, aux exigences de la guillotine.
Curieuse machine qui commande une étonnante constellation de textes et d'images. Elle est aussi au fondement d'une érotique nouvelle qui vante les baisers donnés dans la lunette (comme on vante ailleurs un baiser au clair de lune). L'échange du désir entre l'homme et la femme modernes s'exprime à travers une demande nouvelle qui tombe dans le silence, dans la nuit : Guillotinez-moi !
Mars 1793. Un homme s'interroge. Malade, rongé par le cancer qu'il soigne en mêlant grains d'opium et verres de ratafia, le commissaire Grand-Jacques découvre les effets de la Terreur mise à l'ordre du jour. Que veulent-ils ? Qu'est-ce qui les fait danser, les Enragés, les Indulgents, les missionnaires, les juges et les jurés du Tribunal révolutionnaire et la meute des lécheurs de guillotine qui attend le passage des condamnés ? Est-ce une puissance de mort ou de vie ? Est-ce un charnier ou un berceau ? Et lui-même, Grand-Jacques, qui poursuit ses enquêtes ordinaires, assisté de ses deux lieutenants, Chêneville et Cloüet, qu'attend-il des mois qui lui restent à vivre ? Du moins y a-t-il les moments partagés avec son ami mélomane, Bruiant Fauve-Roussel, et les rêves que suscite Adeline, la fille galante de la maison voisine, aux yeux charbonnés et aux lèvres gourmandes. Voilà pourtant qu'une série de crimes d'une extrême violence relance son désir de justice, au-delà de la pitié. Le vieux limier se met en quête. Parmi les victimes quotidiennes de la Terreur, ces prostituées assassinées sont des mortes de trop.
Peintre français contemporain, Olivier Masmonteil produit une oeuvre particulièrement singulière, à contre-courant du minimalisme. Diplômé de l'École des beaux-arts de Bordeaux, il crée aussi bien paysages, natures mortes, scènes de genre, nus et vanités, très souvent prétextes à revisiter les oeuvres des grands maîtres de l'histoire de l'art. La peinture est morte ? Vive Olivier Masmonteil !
- Cet ouvrage traite les nouveaux objets d'étude, les points de grammaire obligatoires des nouveaux programmes, la méthode pour les nouvelles épreuves. Il propose des exercices d'application et un entraînement aux nouveaux examens.
- Chaque objet d'étude est présenté de manière synthétique, offrant à l'élève un parcours chronologique qui traverse les quatre grands genres littéraires. La vie littéraire et culturelle est abordée à travers une série de dossiers qui font le point sur les moments marquants.
- La grammaire est abordée sous la forme de 15 ?ches traitant les aspects essentiels de la langue, tels qu'ils sont définis par les nouveaux programmes. Des exercices d'application mettent en pratique les rappels théoriques.
- La partie « Examens » définit les démarches à entreprendre pour réussir les épreuves écrites et orales. L'essai, la contraction de textes, le commentaire et la dissertation peuvent être travaillés dès la seconde, à travers des exercices progressifs. Chaque chapitre débute par un exemple de sujet rédigé et se clôt par un entraînement à l'examen. Les pages « Méthode », présentées sous forme de cartes mentales, répondent de manière simple et structurée aux attentes des élèves.
- Cet ouvrage accompagne le travail en classe du professeur, aide les élèves dans la préparation de leurs devoirs en classe et Bacs blancs et peut être utilisé lors des séances d'aide individualisée.
L'art au féminin n'est plus regardé comme une anomalie. Plusieurs expositions ont mis à l'honneur des artistes femmes des xviie et xviiie siècles. Cet ouvrage sonde leurs intentions afin d'examiner la place et le rôle des artistes femmes dans le monde de l'art à l'âge classique.
Ce n'est pas dans sa villa d'Auteuil, toujours en travaux, mais dans le havre accompli de Cuerville qu'André Gide achève la Porte étroite. Génie des lieux apprécié de son jardinier, aimé des enfants du village, l'écrivain partage avec Madeleine les jours intimes : il joue Chopin au piano, prépare le feu qui le berce, fait griller les tartines. Il se jette sans prévenir à Paris, pour rejoindre les peintres Blanche ou Van Rysselberghe, et les amis de plume, Copeau, Ghéon, Schlumberger : la Nouvelle Revue Française naîtra en novembre. Pour y assouvir aussi ses désirs : Gide, incorrigible, est toujours aux aguets... Le jour où son livre est fini, Gide le malicieux se coupe la moustache : et si le XXe siècle commençait ce jour-là ?
Louise-Élisabeth Vigée-Le Brun fut l'une des plus grandes portraitistes de son temps, elle était même le peintre préféré - et la confidente occasionnelle - de Marie-Antoinette. Son succès était considérable.
C'est vers 1835, de retour de ses années d'exil où elle avait fui la France afin d'échapper aux tumultes de violence qui frappaient alors, qu'elle publie ses Souvenirs, qui connaîtront un grand succès et qui restent, aujourd'hui encore, un document passionnant sur les bouleversements de l'époque qu'elle a vécu de si près. Elle a côtoyé les personnages les plus marquants : tous les artistes de renom et toutes les cours.