Isabel Rawsthorne est la créatrice d'une oeuvre picturale secrète et méconnue. On a surtout retenu d'elle et de sa vie aventureuse qu'elle fut l'amante solaire et le modèle d'Alberto Giacometti. Francis Bacon confia qu'Isabel fut son unique amante. Elle fut encore son amie, son modèle, sa complice jusqu'à la fin. Elle posa d'abord pour le sculpteur Epstein, pour Balthus, Derain. Picasso fit plusieurs portraits d'elle sans qu'elle cède à ses avances.
À travers Isabel, son foyer magnétique et sa liberté fracassante, on assiste à une confrontation entre deux géants de la figuration, Bacon et Giacometti. Au moment même où triomphe l'abstraction dont ils se détournent avec une audace quasi héroïque. Bacon, scandaleux, spectaculaire, carnassier, soulevé par une exubérance vitale irrésistible mais d'une lucidité noire sur la cruauté et sur la mort. Giacometti, poursuivant sa quête d'une ressemblance impossible, travailleur obsessionnel jusqu'à l'épuisement. Chez Isabel, la mélancolie alterne avec l'ivresse vagabonde.
Des années 30 à la fin du siècle, telle est la destinée de ce trio passionné, d'une extravagance inédite, partageant une révolution esthétique radicale et une complicité bouleversante.
Milos vit sa jeunesse, ses études de paléontologie et ses amours à Antibes, sous l'emprise de deux peintres mythiques, Pablo Picasso et Nicolas de Staël, réunis au musée Picasso, dans le château érigé face à la Méditerranée. Ces deux destins opposés - la tragédie précoce d'un côté, la longévité triomphante de l'autre - l'obsèdent. Le jeune homme possède un regard envoûtant, d'un bleu mystérieux, quasi surnaturel, le contraire du regard fulgurant et dominateur de Picasso. Les yeux de Milos vont lui valoir l'amour des femmes et leur haine.
Dans la splendeur des falaises d'Étretat, un jeune homme rencontre Monet. Cet hiver 1868, quels que soient le temps et les humeurs de la mer, le peintre est à son chevalet. C'est la naissance de l'impressionnisme. Sous les yeux et la plume du narrateur, les artistes défilent : Manet, Courbet, Flaubert, Hugo, Maupassant... Tous portés par une énergie fulgurante et lumineuse, la pulsion de la création. Tous possédés par une belle folie ...
Sur une île japonaise, tandis que la terre tremble et que le volcan gronde, le bel adolescent Haruo est bouleversé par la nudité de Tô, la veuve du pêcheur. Il brûle de lui avouer son amour. Mais Tô a une amante : la pieuvre géante Oryui. Quand Tô s'abandonne à l'extase charnelle, toute la nature vibre avec elle. Une fable inspirée de la célèbre estampe d'Hokusai : Le Rêve de la femme du pêcheur.
Voici une saga de l'Afrique moderne et légendaire centrée autour d'un « général roi » fou, véritable héros d'épopée, de western et de bande dessinée. Une guerre, une révolution, une quête du sacré s'enchaînent dans un foisonnement de vie végétale et animale. Et au beau milieu de cette folie, un jeune Écossais venu en pays yali pour s'endurcir va plonger dans la mystique du roi Tokor...
Philadelphie, 1828. Promis à une belle carrière d'avocat et de peintre mondain, George Catlin croise la route d'une délégation d'Indiens. Ebloui par la superbe des cavaliers, le peintre quitte sa vie de citadin huppé, sa femme et son confort, pour enfourcher son cheval et parcourir les plaines du Mississippi à la rencontre de tribus. Cherchant à intégrer leurs coutumes, il saisit sur le vif la beauté naturelle de leur quotidien.
Jeune étudiant perdu dans la capitale, le narrateur avoue :
« J'étais au paroxysme d'un désir de vivre et de mourir. Mon angoisse étincelait dans le vide du monde. Et ce feu intérieur pouvait me sauver ou me tuer ».
À l'ombre de Notre-Dame, cependant, Paris offre des fêtes salutaires au coeur, aux sens et à l'esprit des lieux où s'effacent les peurs, des voies pour entrer dans la vie.
L'amant de Paule, de Clo, de Léa... est possédé par la volupté de vivre. L'obsession de l'amour. S'abandonnant à ses chimères, à la chair, il accepte l'évidence de sa folie. Il évoque la tension douloureuse et jubilante du désir, les angoisses et les exubérances du lien passionnel avec un lyrisme et une lucidité sans détours. Heureux les obsédés sensuels : « Je vous salue, ô fesses !... Soeurs immaculées... »
A 40 ans, devenu citadin, enfoui dans diverses activités livresques, je reviens sur mon adolescence sauvage en Normandie. Alors, je chassais, je pêchais à côté de mon père. J'ai connu mon premier amour dans l'excès d'un hiver extraordinaire. J'ai rêvé le long des rivières, dans les forêts. C'était l'orgie, la neige, une saison à découvrir le secret de ma naissance, les audaces et les angoisses de l'amour.
Louise et Luc n'ont pas quinze ans et se vouent un amour ardent. Libres et jouisseurs, ils se passionnent pour la fuite d'un tigre, échappé de la propriété d'un mystérieux esthète. Leur fascination pour ce fauve de feu ne les protège pas de la perversion du monde et de l'adultère de leurs parents. Avides de vivre, les deux adolescents savent pourtant qu'ils sont en sursis sur une île de lumière.
Paulin, écrivain, vient à Nancy étudier l'oeuvre du graveur Jacques Callot. L'essentiel, pour lui, n'est pas ce qu'il vit mais les transformations du réel qu'opère, par les dessins et les mots, son imagination. Sa femme Claire, délaissée, vit de son côté sa propre aventure. Autour de Paulin et Claire évoluent deux autres couples : celui de leurs cousins Laura et Félix dont l'amour s'épanouit, en harmonie avec la nature, dans la maison et le jardin qui les abritent ; et celui que forment, à la lisière de ce jardin, à la lisière de l'adolescence, Gildas et Vivie, âgés de treize ans, qui pratiquent la magie, inventent des élixirs et se livrent, en toute liberté, aux jeux de l'amour. En filigrane du destin de ces trois couples : la ville, des forêts, des vergers, des images de croisière, tout un monde torturé, sensuel, et la hantise du naufrage des rêves, du naufrage des désirs.
Martel rêve de vivre à l'époque des Vikings et de leurs découvertes par les mers et les fleuves du monde. Un jour, il construit un drakkar, sillonne les paysages normands et côtoie les grands récits des sagas nordiques. Truculent, il entraîne toute sa famille dans des péripéties héroïques, sensuelles et burlesques.
Le cri de Maha, c'est M. qui le provoque et en révèle l'angoisse et la beauté au moment où, au volant de sa voiture, il se rend coupable d'un acte criminel. Alors, il rêve d'élever autour de la jeune métisse, témoin et victime indirecte de son geste, un théâtre de gloire et de rédemption.Du cri de maha naissent un chant, un disque, un spectacle. Sur la parvis de la Défense, une machine géante réunit choristes et danseurs autour de cinq mandrills, une famille de singes énigmatiques et bariolés, dans l'effervescence des lasers, de la sono, et les clameurs d'une foule fascinée.Concerts à Londres, à Tokyo, conférences de presse, déclarations scandaleuses, une carrière de star s'annonce, atypique et fulgurante.Cependant, Maha doit déjouer les simulacres du showbiz, les ruses de ses producteurs, les provocations de Yanne, son double obscène et somptueux. Aux prises avec sa propre violence, elle connaît la haine, l'amour et des désires contradictoires. Elle devra surtout affronter le lien obscur qui l'unit à M., amant et manipulateur, dans un combat où se joue son véritable accomplissent.
Après sa mort, houphouët-boigny, l'ancien président de la côte-d'ivoire, est devenu un esprit.
Il plane au-dessus de sa capitale, yamoussoukro, oú il a fait édifier une basilique à l'image de saint-pierre de rome. du ciel, en prenant à témoin son crocodile sacré, houphouët observe et juge ses anciens ennemis, en tête desquels complote sylvanus adé, un écrivain qui mène l'enquête sur un étrange nègre blanc.
Cet albinos obsède, aussi, thérèse et assioussou, deux amants passionnés qui veulent préserver leur paradis des ravages du tourisme.
Avec l'albinos et son secret, c'est tout l'imaginaire de l'afrique que l'on redécouvre alors : une invention échevelée qui se joue du pouvoir et renverse la légende bâtie par l'ancien tyran.
Un homme et une femme, tous deux solitaires, vont s'aimer.
Ils s'ignorent encore, tandis qu'un accident d'avion fait régner sur la ville une atmosphère de fin du monde. Romane héberge Jérôme, qui vient de voler la boîte noire de l'avion. Pourquoi ?... Chacun garde secrètes ses propres blessures : la fin d'une liaison, les traumatismes de l'enfance...
Pourtant peu à peu une lente et incertaine stratégie de séduction va les rapprocher jusqu'aux aveux partagés d'une même angoisse, d'une égale compassion, d'un commun désir.
L'imagination, la sensibilité, le sens du détail donnent vigueur et rythme à cette histoire où la vie luxuriante et la mort sont intimement liées.
En 2000, dans une demeure des Pyrénées espagnoles, le frère d'Aurélie, un romancier célèbre, est tué par le mari jaloux de sa maîtresse. On fait disparaître le cadavre et le meurtre n'est jamais élucidé...
2040, même lieu. Aurélie fête ses cent ans, entourée de toute sa famille et d'amis. Quand surgit une inconnue qui, pleine de colère et de séduction, vient de découvrir ses origines. Intraitable, elle combat cette Aurélie qu'elle déteste et qui la fascine.
Et pourtant, cette demeure hantée par la culpabilité va devenir le théâtre où, de la mort et de l'angoisse, peuvent naître la sensualité et la joie...
Patrick Grainville décrit et fait vivre, avec une justesse et une subtilité remarquables, les personnages qui participent à ce dialogue, à cette guerre et à cette fête des femmes.
L'atelier se dresse à Venice, Los Angeles, face au Pacifique. Après avoir fui son pays et son passé, un peintre français règne sur ce temple voué à l'art, tout en luttant contre les surenchères de la mode et les gadgets qui envahissent la ville. Maître tyrannique, il initie une poignée d'élèves, de favoris, de modèles, aux techniques les plus ambitieuses. Des conflits déchirent ce groupe de jeunes marginaux partagés entre Sodome et Gomorrhe : révoltes, complots, rivalités, amours. Avec ses deux élèves préférés, le peintre entretient une relation passionnelle où se révèlent les rapports ambigus entre le maître et ses disciples, une filiation à la fois désirée et différée. Mais la boulimie de peindre soude le groupe qui pourchasse ses modèles jusque dans les faubourgs crapuleux. Car l'atelier est un miroir ou toute la ville - élites et voyous - inscrit sa vérité, sa soif d'éternité. L'atelier, au centre de cette formidable galaxie urbaine, c'est l'oeil du cyclone, le Radeau de la Méduse de la peinture menacée, de l'art seul contre tous. Projet héroïque et donquichottesque mené jusqu'à l'aveuglement et le meurtre, mais qui survivra aux révélations les plus douloureuses.
Au centre de l'aventure, Hélianthe, obsédante Diane chasseresse dont la disparition, les hypothétiques résurrections, les désordres et les sortilèges hantent tout un village.
Pour le narrateur, peut-être ne reste-t-il plus d'elle que le souvenir d'un corps minutieusement célébré, et la présence de cette autre Diane, superbe setter roux auquel il voue un culte voluptueux. Mais pourquoi ce narrateur est-il aveugle ? Et que sont pour lui Judith et Christophe, les deux adolescents qui accompagnent son errance ?
L'estuaire d'un fleuve de Normandie, carrefour d'échanges, effervescent théâtre d'apparitions multiples, seuil de toutes les légendes, est le lieu où s'inscrit la quête du narrateur, parmi monstres, éphèbes, filles et bêtes.
- Thomas, professeur de langues à Shenzhen, la mégapole chinoise, constate un matin la fugue de sa fille après une dispute où elle l'accuse d'avoir été un mauvais père. Il part à la recherche de la rebelle dans les dédales d'une cité d'autant plus exemplaire que Deng Xiaoping en a fait il y a trente ans le laboratoire du nouveau capitalisme chinois. L'ancienne bourgade est devenue depuis un monstre de seize millions d'habitants. Le roman nous offre donc le portrait de cette ville champignon où se mêlent, dans un creuset explosif, milliardaires inventifs, classe moyenne effervescente et millions d'immigrés pauvres de l'intérieur...Au coeur de toutes les errances, de tous les trafics, des crises sociales et intimes règne Lan, mélange de magnat, de médiateur, de manipulateur d'une séduction ténébreuse. Il cache avec malice, au fond de la tour de son hôtel, un secret immense... An et ses amants tarifés, Alice, aux emballements chimériques, Ding Jiao, obsédé par le passé, sont, comme Thomas à la recherche de sa fille, les symptômes de cette cité bouillonnante qui, à l'image de la Chine, n'a pas exorcisé tous ses fantômes...
- Patrick Grainville est né en 1947 à Villers (Normandie). En 1976, il a obtenu le prix Goncourt pour Les Flamboyants. Le corps immense du président Mao est son vingt-troisième roman.
Sa femme s'éloigne. Sa maîtresse égyptienne lui échappe. Et sa main, son unique et précieux outil de travail, se crispe, refusant d'écrire. L'écrivain serait-il victime d'un mauvais sort ? Dans un domaine cossu de la banlieue parisienne, où il vit entouré de singuliers voisins, il cherche à comprendre les raisons de ses maux. Et si une force obscure lui faisait payer les erreurs passées ?
Dans un jardin de la Cité universitaire à Paris, le narrateur s'adonne avec volupté à la contemplation des jeunes filles étrangères qui s'ébattent sous ses fenêtres. Il poursuit son étrange rêverie surréaliste au cours de longues promenades dans un Paris insolite, envahi par les troupeaux de biches, de cerfs, recouvert de neige, et où se déroule une révolution. Les longues chevelures féminines répandues sur les épaules, les manteaux de fourrure, les animaux forment autant de toisons qui se confondent dans son esprit et lui inspirent un récit à la fois poétique et romanesque.
« Marguerite Duras, je m'en étais fait depuis longtemps une idée presque définitive. Ses tics et ses poses, son minimalisme maniéré. Un jour, on m'a annoncé qu'elle était morte ou quasi. Un an après, Marguerite me téléphone: ressuscitée! C'est ainsi que tout a commencé. Aujourd'hui, j'ose écrire ce portrait d'elle, autour de quelques promenades que nous avons faites en Normandie, mon pays natal. Elle connaissait la région comme sa poche, bistrots, chemins, rivages paumés, forêts, cimetières de la guerre... Marguerite me confiait mille anecdotes au débotté, intimes et féroces. Son vrai visage m'apparaissait: ses obsessions tragiques, ses peurs, ses décrets furieux, sa belle dinguerie littéraire. » Patrick Grainville.
La collection Duetto invite écrivains et critiques à évoquer leur grande passion littéraire, à parler d'un auteur qu'ils admirent, qu'il s'agisse d'un maître disparu depuis longtemps ou d'un contemporain qu'ils ont eu la chance de rencontrer.